Le Pen attaque Macron, « l’islamisme et le communautarisme en marche »

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Marine Le Pen s’est emparée de l’affaire Saou pour dénoncer « l’islamisme et le communautarisme en marche ».

En meeting à Perpignan ce samedi devant environ 1.500 personnes, Marine Le Pen semble convaincue que son principal ennemi est Emmanuel Macron, malgré les rapprochés de Jean-Luc Mélenchon et François Fillon, tous deux susceptibles de lui ravir l’une des deux places qualificatives au second tour, promise de longue date par les sondages à la dirigeante frontiste. L’ancien ministre de l’Economie a été la cible privilégiée des attaques de la candidate. Selon la fille de Jean-Marie Le Pen, « il est très important que les Français comprennent que si par malheur il était élu président de la République, M. Macron accélérerait encore davantage la dérive multiculturelle dans laquelle s’enfonce la société française et aggraverait un communautarisme déjà malheureusement en pleine progression ».

Mohamed Saou comme preuve du communautarisme d’En Marche

« Avec Macron, ce sera l’islamisme et le communautarisme en marche », brocarde-t-elle même, exemple à l’appui. Marine Le Pen se sert de la polémique née des propos tenus par Mohamed Saou, référent d’En Marche dans le Val d’Oise. « Je n’ai jamais été et ne serai jamais Charlie », avançait ce responsable local sur les réseaux sociaux, défendant aussi la réponse de Recep Tayyip Erdögan, « quelqu’un qui a fait pour les réfugiés plus que tous les autres pays réunis », au coup d’Etat avorté en Turquie. Il est aussi accusé d’avoir des liens avec le Collectif contre l’islamophobie en France et le parti des indigènes de la République.

« Pourquoi Monsieur Macron ne veut pas exclure cet individu de son mouvement? Parce qu’il subit la pression, un chantage, de la part de Marwan Muhammad, responsable du Collectif contre l’islamophobie en France, un collectif bien connu pour ses liens avec l’islamisme », accuse-t-elle avant de faire référence à un roman d’anticipation de Michel Houellebecq dans lequel un président de la République issu d’un parti politique musulman est élu en 2022. « On a l’impression qu’il est en train d’écrire un nouveau chapitre du livre de Houellebecq, Soumission« , raille-t-elle, qualifiant le candidat d' »homme sans foi ni loi » avec l’adhésion de la salle.

« Un type bien » d’après Emmanuel Macron

Des propos quasi identiques à ceux tenus par Céline Pina, ancienne élue socialiste du Val d’Oise qui s’est fait connaître en dénonçant le salon de « la femme musulmane » à Pontoise, comparant au passage le voile à « un brassard nazi ».  « Sous la pression du CCIF et de Marwan Muhammad, directeur du CCIF, l’entourage d’Emmanuel Macron nous offre une clarification malvenue qui montre la perméabilité du mouvement aux revendications communautaires et aux pressions de l’Islam politique », avançait l’ancienne élue socialiste.

Il est mis en réserve, il n’est pas destitué de ses fonctions, il est référent, mais ne participe pas à la campagne

Emmanuel Macron a répondu à cette polémique qui enfle ce samedi lors de son intervention à Beur FM, avant donc l’intervention de Marine Le Pen. « Mohamed Saou est un citoyen plein et entier. C’est un responsable plein et entier. Je le respecte. J’admire le travail qu’il a fait. Mais en même temps, il a des responsabilités, a rappelé le fondateur d’En marche. Et les messages qu’il a mis sur Internet, ce sont des messages qui ont une part de gravité, qui ont touché des gens. Dire ‘Je ne suis pas Charlie’, c’est un message qui blesse aussi des gens. Et donc, oui, il fera l’objet de la procédure comme tout militant. Il est mis en réserve, il n’est pas destitué de ses fonctions, il est référent, mais ne participe pas à la campagne. Et le comité d’éthique, qui est compétent sur ce sujet, ce qui n’est pas moi, traitera de son cas ». Des propos hors antenne du candidat ont aussi fuité. « Il a fait un ou deux trucs un peu radicaux. C’est ça qui est compliqué. Mais à côté de ça, c’est un type bien. C’est un type très bien, Mohamed. Et c’est pour ça que je ne l’ai pas viré », explique notamment Emmanuel Macron.

Marine Le Pen en plein doute?

Si la charge contre Emmanuel Macron a été particulièrement remarquée, François Fillon a également été visé. Selon Marine Le Pen, l’ancien Premier ministre a « multiplié les relations pour le moins troubles avec ces mouvances islamistes qui prônent la supériorité de la loi religieuse sur la loi de la République » et n’est « absolument pas clair avec la question de la laïcité et de l’islam radical ». Toujours d’après elle, il a « laissé prospérer un communautarisme triomphant dont nous payons aujourd’hui le prix de son inaction totale ».

Mais, alors que les quatre candidats principaux se tiennent dans un mouchoir de poche, la candidate frontiste a surtout laissé transparaître un brin de fébrilité, de nervosité. A une semaine du vote, elle a donné une mission à ses partisans: « Chacun de vous devez convaincre un indécis ou prendre la main d’un abstentionniste ». Une mission à laquelle s’astreignent Jean-Luc Mélenchon et les partisans de la France insoumise, notamment via la caravane insoumise, depuis quelques mois déjà.

La peur de ne pas avoir suffisamment élargi le socle électoral du FN? Possible, tant la dynamique frontiste est morose dans les sondages. L’eurodéputée semble aussi craindre une faible participation qui, contrairement aux idées reçues, ne lui serait pas forcément favorable. « Si on considère, comme toutes les enquêtes et les sondages tendent à le montrer, qu’il y a une sur-représentation des jeunes et notamment des jeunes non diplômés dans l’électorat du FN, des catégories prédisposées à rester en retrait des urnes, cela veut dire que l’électorat potentiel de Marine Le Pen a un risque d’abstention plus élevé », expliquait notamment la sociologue Céline Braconnier dans Les Inrocks.

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