Wauquiez à la tête des Républicains : Lefebvre évoque « un soupçon de tricherie »

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L’ex-député LR Frédéric Lefebvre, devenu cofondateur d’Agir, évoque, dans un livre à paraître jeudi, ses rencontres avec Emmanuel Macron et l’élection de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains.

Il a souhaité écrire un « livre-vérité » sur l’état de la droite, mais c’est un brûlot égratignant Nicolas Sarkozy et surtout Laurent Wauquiez. Frédéric Lefebvre publie jeudi Chaos – histoires secrètes de la guerre des droites. Dans cet essai sur l’année écoulée et la recomposition du paysage politique en cours, l’ancien député-LR devenu « constructif » – il est l’un des cofondateurs du mouvement Agir – aborde la transformation subie par le parti qu’il a quitté, Les Républicains, en l’espace d’un an. Il revient notamment sur la campagne de François Fillon, plombé selon lui par Nicolas Sarkozy et les siens.

Surtout, l’ancien secrétaire d’Etat critique durement Laurent Wauquiez, qui « aura été un acteur zélé de l’élimination de François Fillon ». Entre autres, Frédéric Lefebvre évoque l’élection à la présidence interne du parti. « Un soupçon de tricherie pèsera à jamais sur cette élection par vote électronique », assure-t-il avant de développer : « J’ai reçu mes codes pour voter, quelques jours avant le scrutin, comme des dizaines de milliers d’adhérents, pourtant démissionnaires comme moi. Bien sûr, nous ne pouvions voter car nous n’avions plus de numéro de carte d’adhérent à jour. Mais ce qui est grave c’est que nos codes ayant été mis, ceux qui détenaient au siège du parti nos numéros de cartes pouvaient voter en nos lieu et place! Un scandale. »

Laurent Wauquiez, « marionnette de Nicolas Sarkozy »?

« Avant une élection, le nettoyage des listes électorales, où l’on retire ceux qui sont morts ou ont quitté la commune, est une procédure essentielle, écrit-il encore. Or, chez LR, l’exact inverse a été fait. Les codes des morts et des démissionnaires ont été édités. N’importe qui pouvait donc les faire voter! » En creux, il dénonce le rôle de Nicolas Sarkozy qui aurait aidé Laurent Wauquiez. Il estime ainsi : « Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Christian Estrosi ont très judicieusement renoncé à jouer les ‘idiots utiles’ de la marionnette de Nicolas Sarkozy en se présentant à l’élection. Ils ont eu raison. »

Le cofondateur d’Agir aborde aussi le cas de Thierry Mariani et la position de celui-ci vis-à-vis du FN –Frédéric Lefebvre, dont le livre était déjà imprimé, préfigurait déjà les propos de Thierry Mariani, tenus dans le JDD le week-end dernier, sur un accord LR-FN. « Laurent Wauquiez ne ment pas quand il dit qu’il ne négociera pas avec le FN et Marine Le Pen, analyse toutefois Frédéric Lefebvre. Il n’y a aucun intérêt. Son objectif est au contraire de devenir leader d’une droite unifiée avec un FN dévitalisé, consumé par sa propre flamme. »

S’il critique le Nicolas Sarkozy d’aujourd’hui, Frédéric Lefebvre sait ce qu’il doit au Nicolas Sarkozy de 2007, celui qui s’est fait élire président. L’ancien secrétaire d’Etat se présente même comme l’un des théoriciens du principe d’ouverture, qui avait vu des ministres de gauche entrer au gouvernement de François Fillon. Un sujet qui aurait passionné… Emmanuel Macron. En effet, Frédéric Lefebvre raconte une de ses entrevues avec celui qui était encore ministre de l’Economie de François Hollande, fin août 2016, pendant laquelle ce dernier le questionnait sur la campagne présidentielle de 2007, ecrit http://www.lejdd.fr/.

« Nicolas Sarkozy fut ce jour-là au centre de notre conversation », écrit d’abord Frédéric Lefebvre qui cite Emmanuel Macron : « Toi qui as vécu ça avec Sarkozy, raconte-moi. Tu en penses quoi? » Et l’ex-secrétaire d’Etat de livrer au candidat encore officieux d’En marche « le récit des initiatives prises par Sarkozy au moment de sa rupture avec Chirac ».

S’il tresse des louanges à Emmanuel Macron, Frédéric Lefebvre n’est pas « en marche » pour autant. La faute, sans doute, à sa défaite aux élections législatives de juin, quand il a été battu par un candidat LREM présenté contre lui dans la circonscription Amérique du Nord des Français de l’étranger. Frédéric Lefebvre croit y voir la main de Stéphane Séjourné, qui « aurait poussé » le candidat En marche finalement élu, Roland Lescure. Aujourd’hui conseiller politique du chef de l’Etat, Stéphane Séjourné semble l’une des bêtes noires de Frédéric Lefebvre. « Richard Ferrand et Stéphane Séjourné se sont mobilisés pour que j’ai un candidat contre moi, ils ont compliqué les accords entre Manuel Valls et Emmanuel Macron et, plus symboliquement encore, entre François Bayrou et Emmanuel Macron », dénonce ainsi l’auteur de Chaos. Plus généralement, Frédéric Lefebvre dénonce « l’ostracisme dont ont été victimes des soutiens sincères d’Emmanuel Macron » mais anciens partisans d’Alain Juppé. De ce fait, l’ancien secrétaire d’Etat dit avoir « décidé de [se] mettre ‘en marge' » plutôt qu’En marche.

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