Macron va-t-il se montrer plus ferme avec Poutine qu’avec Trump?

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Emmanuel Macron se rend jeudi en Russie pour sa première visite officielle. Face à Vladimir Poutine, le chef de l’Etat français a adopté une stratégie bien plus ferme que vis-à-vis de Donald Trump.

Lors de sa visite d’Etat aux Etats-Unis, Emmanuel Macron avait passé son temps à afficher des signes d’amitié avec Donald Trump. Tapes dans le dos, poignées de mains, embrassades, les deux chefs d’Etat avaient multiplié les gestes de proximité. Alors que le chef de l’Etat français effectue jeudi et vendredi sa première visite officielle en Russie, il y a peu de chance qu’Emmanuel Macron se montre aussi proche de Vladimir Poutine. Le président français a plutôt essayé de séduire le leader russe en utilisant des symboles de l’histoire de France que par des accolades télévisées.

Lors de leur premier rencontre en mai 2017, le jeune chef de l’Etat avait choisi d’accueillir Vladimir Poutine en grande pompe au château de Versailles près de Paris. « A Versailles, il s’agissait de jouer la majesté, la grandeur et même la profondeur historique face au maître du Kremlin pour l’impressionner et lui montrer que la France n’est pas ce pays oublieux de ses racines que Poutine veut suggérer », commente auprès de l’AFP le philosophe et spécialiste de la Russie Michel Eltchaninof.

Les deux hommes se retrouveront cette fois dans le cadre majestueux du palais de Constantin, une résidence d’été de Pierre Le Grand située à une vingtaine de kilomètres de Saint-Pétersbourg. Ce vaste château qui donne sur la mer avait accueilli le sommet du G20 en 2013. « C’est le ‘match retour’ après Versailles » où Emmanuel Macron avait voulu prendre la main dans « le rapport de forces avec Poutine », analyse Michel Eltchaninof.

Alors qu’il avait semblé se montrer parfois conciliant avec Donald Trump lors de sa visite aux Etats-Unis, Emmanuel Macron devrait se montrer publiquement bien plus ferme en Russie. Principalement pour des raisons tactiques. S’il pensait pouvait extorquer des concessions du chef d’Etat américain par la flatterie et la proximité, il estime que le leader de la Fédération de Russie n’est sensible qu’aux rapports de force. « Je crois que nous ne devrions jamais nous montrer faibles face au président Poutine. Quand vous êtes faibles, il s’en sert », avait averti Emmanuel Macron fin avril sur la chaîne américaine Fox News.

Lors de leur première rencontre à Versailles, Emmanuel Macron avait d’ailleurs déjà voulu montrer qu’il ne se laisserait pas faire par Vladimir Poutine. Devant l’ancien chef du KGB, il avait fustigé l’interférence de la Russie dans l’élection présidentielle présidentielle française. « On va se dire les choses, en vérité Russia Today et Sputnik ne se sont pas comportés comme des organes de presse et des journalistes mais comme des organes d’influence, de propagande et de propagande mensongère, ni plus ni moins », avait-il asséné.

Lors de leur rencontre jeudi et vendredi, Emmanuel Macron devrait notamment évoquer avec son homologue russe les dossiers syriens, iraniens et ukrainiens. Après le retrait tonitruant de Donald Trump de l’accord sur le nucléaire iranien, la France et la Russie, cosignataires du texte, ont affirmé leur détermination à le sauver. Les deux capitales divergent toutefois sur la stratégie. Moscou, qui est proche de Téhéran, réclame que l’accord reste en l’état, tandis que Paris veut un nouvel « accord élargi » prenant en compte le contrôle de l’activité nucléaire après 2025, le programme balistique de l’Iran ainsi que la situation en Syrie et au Yémen.

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