Marseille : 8 personnes disparues dans l’effondrement de trois immeubles

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Les opérations de secours se poursuivent mardi pour tenter de retrouver au moins huit personnes disparues, après l’effondrement de deux immeubles anciens du centre-ville de Marseille, lundi matin, puis d’un troisième en fin d’après-midi.

Les recherches d’éventuelles victimes se sont poursuivies toute la nuit de lundi à mardi, à Marseille, sous les décombres de trois immeubles anciens du centre-ville dont l’effondrement lundi nourrit déjà une polémique sur l’habitat vétuste dans la cité phocéenne. « Ce qui compte c’est qu’on trouve le moins de morts possible, mais nous pensons qu’il y en aura », a prévenu le maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Au moins 8 personnes étaient portées disparues et « susceptibles de se trouver dans l’immeuble », a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, arrivé sur place lundi soir, se disant également « peu optimiste face à la situation ». Parmi ces personnes, « deux passants seraient susceptibles d’avoir été emportés dans l’effondrement », a-t-il ajouté.

« Tant qu’il y aura le moindre doute, nous rechercherons », a également déclaré le patron de Beauvau, précisant que l’effondrement d’un troisième immeuble, en fin d’après-midi, ayant écrasé les gravats du matin. Parmi les personnes disparues, figureraient une femme qui n’est pas allée chercher sa fille à l’école et une autre femme « qui ne sortait jamais de chez elle », avait indiqué auparavant le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier. En visite à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), le président de la République, Emmanuel Macron a fait part dans la soirée de « l’affection et la solidarité de la nation toute entière ».

Près de 100 pompiers mobilisés pour une « course contre la montre »

Les secours « travaillent d’arrache-pied pour savoir si des individus sont coincés » sous les décombres, avait déclaré peu avant, sur place, le ministre du Logement Julien Denormandie. Pour cette « course contre la montre », comme l’a qualifiée Julien Denormandie, près de 100 marins-pompiers et 33 véhicules ont été déployés dans cette rue commerçante du quartier populaire de Noailles, à deux pas du Vieux-Port et de la Canebière. Et les recherches pourraient durer plusieurs jours a averti sur place Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille.

Un troisième immeuble s’est effondré pendant les recherches

Une enquête a été confiée à la police judiciaire, qui doit déterminer l’origine de la catastrophe, dans ce quartier défavorisé du centre-ville qui compte de nombreux immeubles dégradés voire insalubres, certains aux mains de marchands de sommeil. L’un des deux bâtiments, au 63 de la rue, était « fermé et muré », selon la mairie, qui l’avait racheté après avoir pris un arrêté de péril en 2008. Cependant, l’immeuble était « entièrement sécurisé », a martelé l’adjointe au maire chargée du logement, Arlette Fructus.

Au numéro 65, dans l’autre immeuble, 9 appartements sur 10 (BIEN 10) étaient en revanche habités, au-dessus d’un commerce vacant au rez-de-chaussée, selon les pompiers. En copropriété, il avait fait l’objet le 18 octobre « d’une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants », a assuré la mairie.

Le troisième immeuble, au numéro 67, abandonné et muré depuis l’été 2012, s’est lui partiellement effondré dans la soirée. « On avait décidé d’intervenir avec la pelleteuse pour enlever la partie fissurée. (…) Puis tout est tombé d’un coup », a expliqué l’amiral Charles-Henri Garié, qui commande les marins-pompiers de Marseille.

L’opposition pointe « les échecs de la politique de l’habitat » de la mairie

« Ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours », selon une hypothèse avancée par la mairie. Mais plusieurs représentants de l’opposition ont fait le lien avec l’ampleur du problème du logement indigne à Marseille, notamment dans le centre. « Derrière la carte postale idyllique on mesure une fois de trop les échecs de la politique de l’habitat et du centre-ville », a déclaré la sénatrice PS Samia Ghali.

« Ce sont les maisons des pauvres qui tombent, et ce n’est pas un hasard », a tonné le chef de file des Insoumis et député du secteur Jean-Luc Mélenchon, regrettant « une drôle d’odeur de désinvolture et d’indifférence à la pauvreté ». La mairie a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. La cité phocéenne est particulièrement concernée : selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de « 100.000 habitants » de la ville.

Depuis Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), l’une des étapes de sa tournée sur les lieux de mémoire de la Première guerre mondiale, Emmanuel Macron a évoqué le drame en début de soirée. « Marseille a souffert et souffre encore, a déclaré le chef de l’Etat lors d’un discours. Je voulais dire l’affection et la solidarité de la Nation toute entière à l’endroit de nos compatriotes, pour cette ville, ces territoires, cette région. »

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