Royaume-Uni : Theresa May remporte un vote de défiance mais n’est pas sortie d’affaire

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La Première ministre britannique Theresa May a survécu mercredi à un vote de défiance initié par le parti conservateur. Mais elle est encore loin d’être tirée d’affaire.

La Première ministre britannique Theresa May a fait montre une nouvelle fois mercredi de sa résilience dans les turbulences du Brexit en survivant à un vote de défiance au sein de son parti, mais au prix d’une concession : elle est prête à quitter ses fonctions avant les prochaines législatives. Elle a beau être sur la sellette depuis des mois, avoir subi une hémorragie de ministres mécontents de sa manière de gérer le Brexit, la combativité de la dirigeante conservatrice de 62 ans reste intacte – de même que sa capacité à louvoyer à travers les écueils.

« Je me battrai contre ce vote (de défiance) de toutes mes forces », avait-elle prévenu dans la matinée lors d’une déclaration devant Downing Street. Nerveuse, certes, mais déterminée, surtout. Le verdict est tombé à 22h, heure française : Theresa May obtient le soutien de 200 députés conservateurs. Mais 117 ont voté contre elle.

Theresa May quittera son poste avant les élections de 2022

Pour éviter une défaite nécessairement frustrante et humiliante à seulement quelques mois du Brexit, le 29 mars, la Première ministre a dû mettre son propre avenir politique dans la balance, annonçant qu’elle projetait de quitter ses fonctions avant le scrutin législatif de 2022. « J’aurais aimé de tout mon coeur mener le parti aux prochaines élections […]. Mais je me rends compte que le parti aimerait qu’un autre chef s’en charge », a-t-elle déclaré avec émotion, selon le conseiller juridique du gouvernement, Robert Buckland.

Certes la victoire aurait pu être plus large, et donner à la Première ministre une marge de manoeuvre plus confortable dans la dernière ligne droite du Brexit. Elle n’efface pas non plus les divisions au sein des Tories, certains « frondeurs » n’hésitant d’ailleurs pas à réclamer sa démission à peine le résultat connu. Mais le fait est là : le vote de défiance surmonté, son parti ne pourra plus chercher à la déloger pendant un an.

Restent les conséquences immédiates d’un vote qui a vu plus d’un tiers des députés conservateurs voter contre elle. « C’est une survie, pas un succès ce soir – un autre gros coup porté à la crédibilité de la Première ministre », soulignait la journaliste de la BBC Laura Kuenssberg. Le Guardian jugeant la dirigeante « amochée par l’ampleur de la rébellion ».

Même si elle a survécu, la bataille est loin d’être gagnée pour la Première ministre, qui cherche des assurances auprès de Bruxelles pour convaincre les députés d’approuver le traité de retrait de l’UE. Et elle reste sous la menace d’une motion de censure de l’opposition, une opportunité potentielle de revanche pour les frondeurs conservateurs.

Les dirigeants des pays de l’UE veulent « aider » Theresa May mais ne savent pas comment

La Première ministre britannique s’exprimera dans l’après-midi devant ses homologues des pays de l’Union, réunis pour un sommet de deux jours. Les 27 se concerteront ensuite sans elle, dans la soirée, pour évaluer « ce qu’ils peuvent lui offrir », a expliqué un responsable européen. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a assuré que les dirigeants des pays de l’UE voulaient « aider » Theresa May, mais sans bien savoir comment. « La marge est extrêmement étroite, ce sera un exercice de communication », a confié mercredi un haut diplomate d’un Etat membre.

Les Européens ne pourront pas concéder davantage à Theresa May qu’un petit texte de « clarification », qui « ne sera pas juridiquement contraignant », a prévenu de son côté un responsable européen. Car les dirigeants européens, à Bruxelles comme dans les Etats membres, l’ont répété sur tous les tons : il n’est pas question de renégocier l’accord de divorce qui a nécessité 17 mois de tractations pour organiser le départ britannique, programmé le 29 mars 2019.

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