Après une nouvelle mobilisation de Gilets jaunes émaillé de violences, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé lundi soir sur TF1 de nouvelles mesures « d’ordre public ». Il veut alourdir les sanctions pour ceux qui participeraient à des manifestations non-déclarées et souhaite interdire la venue des « casseurs » déjà recensés.
« Ils n’auront pas le dernier mot », a lancé Edouard Philippe lundi soir sur le plateau de TF1. « Ils », ce sont les casseurs et plus généralement « ceux qui remettent en cause les institutions », a fait savoir le Premier ministre. Ce dernier réagissait lors du 20H aux nouveaux incidents intervenus lors de l’acte 8 des Gilets jaunes, principalement à Paris. « Ils changent leurs pratiques, nous on doit changer nos méthodes », a notamment assuré le chef de gouvernement, qui a annoncé un renforcement du dispositif policier pour le week-end prochain et de nouvelles mesures visant à limiter ces scènes. « Si aujourd’hui on veut défendre la liberté de manifester […], je crois qu’il faut faire évoluer notre droit », a justifié Edouard Philippe.
Une nouvelle loi pour les casseurs et les manifestations non-déclarées
Le Premier ministre a surtout annoncé être « favorable à ce qu’une loi nouvelle soit adoptée » prochainement, afin notamment de « sanctionner ceux qui ne respectent pas l’obligation de déclaration » des manifestations. « Il faut préserver la liberté de manifester en France et il faut sanctionner ceux qui ne respectent pas cette obligation simple », a-t-il expliqué, sans entrer dans le détail. Actuellement, les citoyens se rendant à un rassemblement encourent pour leur part une amende allant jusqu’à 38 euros.
Edouard Philippe cible aussi « ceux qui viennent cagoulés » à ces rassemblements. « Arriver cagoulé à une manifestation, c’est aujourd’hui une contravention. Demain, ce doit être un délit », a-t-il jugé.
Plus globalement, il souhaite interdire les casseurs déjà identifiés, sur le modèle des hooligans dans le football interdits de stade. « Ce dispositif [adopté dans les années 2000] a bien fonctionné », a-t-il fait valoir, estimant que cette option est à l’étude « depuis quelques mois » et qu’une proposition du Sénat en ce sens existe déjà. « Elle peut être déposée à l’Assemblée début février », a-t-il indiqué, laissant ainsi entendre que le gouvernement y apportera son soutien.
Si Edouard Philippe n’a pas précisé les modalités de ce nouveau « dispositif », cela pourrait passer par la création d’un nouveau fichier « des individus violents lors des manifestations », comme le réclame le syndicat de police Alliance. Le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Laurent Nunez, avait déjà évoqué cette piste.
Peu avant le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait pour sa part annoncé une future loi d’orientation et de programmation « qui fixera la vision à long terme de notre politique de sécurité intérieure ».
Une « réponse opérationnelle » dès samedi prochain
« Nous avons pris la décision pour samedi prochain » de revenir à un dispositif de sécurité « considérable », a également prévenu Edouard Philippe, évoquant une « réponse opérationnelle » immédiate. Ce dispositif retrouvera ainsi son niveau de mi-décembre, à savoir près de 80.000 policiers et gendarmes dans toute la France, dont 5.000 à Paris, a précisé le Premier ministre. Il a prôné pour « une actualisation du schéma national de l’ordre public » en vantant le succès du dispositif arrêté lors de l’acte 4, avec des forces mobiles. « Nous avions changé la doctrine », a résumé l’homme de Matignon. A l’avenir, « il faut investir dans du nouveau matériel », a-t-il également déclaré.
Tirant un bilan global de la contestation, Edouard Philippe a précisé que 5.600 personnes ont été placées en garde à vue et quelque 1.000 condamnations ont été prononcées par la justice depuis le début de la mobilisation, le 17 novembre 2018.