Affaire Sophie Le Tan : après le maintien en détention du principal suspect, où en est l’enquête?

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La demande de remise en liberté de Jean-Marc Reiser a été rejetée jeudi par la cour d’appel de Colmar. Il est mis en examen pour l’assassinat de Sophie Le Tan, une étudiante strasbourgeoise disparue en septembre dernier. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations, mais en l’absence de preuve matérielle supplémentaire, l’enquête avance peu.

Sa famille et son collectif de soutien attendaient l’issue de l’audience avec angoisse et impatience. La cour d’appel de Colmar s’est prononcée jeudi après-midi, en rejetant la demande de remise en liberté de Jean-Marc Reiser, mis en examen pour assassinat après la disparition, en septembre dernier, de Sophie Le Tan, une étudiante strasbourgeoise de 20 ans. « Les charges sont accablantes. Pour la famille (de Sophie Le Tan) et pour le dossier, la culpabilité (de Jean-Marc Reiser) ne fait aucun doute », avait déclaré avant l’issue de l’audience l’avocat de la famille Le Tan, maître Gérald Welzer, estimant que les faits étaient « trop graves », selon des propos rapportés par Les Dernières Nouvelles d’Alsace.

Où est ma fille? Je la cherche toujours. Notre famille est complètement bouleversée

Le collectif de soutien à la famille Le Tan, qui s’est organisé sur Facebook depuis la disparition de l’étudiante et organise régulièrement des battues pour tenter de retrouver la jeune femme, s’était également rassemblé devant les locaux de la cour jeudi, déposant un portrait de l’étudiante et plusieurs pancartes réclamant « justice et vérité ».

La mère de Sophie Le Tan s’est adressé à eux, peu avant l’audience : « C’est une douleur en plus pour nous, qui sommes révoltés et indignés. A notre sens, cette personne est dangereuse pour la société, et en particulier pour les filles et les femmes. Où est ma fille? Je la cherche toujours. Notre famille est complètement bouleversée », toujours selon des propos rapportés par le quotidien local.

Traces de sang, liste de pays et sites de jeunes femmes asiatiques
Sophie Le Tan a disparu le 7 septembre, alors qu’elle devait visiter un appartement situé à Schiltigheim, en banlieue de Strasbourg. Elle n’a plus donné signe de vie depuis, et son corps n’a pas été retrouvé.

Plusieurs éléments avaient rapidement mis les enquêteurs sur la piste de Jean-Marc Reiser, notamment l’examen de ses données téléphoniques. Les enquêteurs avaient également établi qu’il était à l’origine de la petite annonce immobilière publiée sur Le Bon Coin et à laquelle Sophie Le Tan avait répondu.

D’autres éléments inquiétants avaient été découverts :

Des traces de sang avaient ainsi été retrouvées dans l’appartement de Jean-Marc Reiser. Traces appartenant à Sophie Le Tan et méticuleusement nettoyées. Seul le produit révélateur de la police scientifique avait permis de le détecter. C’est d’ailleurs cet élément qui avait poussé le suspect à admettre qu’il connaissait la jeune femme. Dans un premier temps, il avait effectivement nié l’avoir croisée. Face à cette preuve matérielle, il avait finalement dit la connaître de l’université, qu’ils fréquentaient tous les deux. Il avait ensuite raconté qu’il l’avait croisée le jour de sa disparition. Selon lui, elle souffrait alors d’une blessure à une main et il l’aurait soignée chez lui avant qu’elle ne quitte son domicile.
Les enquêteurs ont également retrouvé une liste manuscrite recensant les pays dans lesquels un ressortissant français ne peut pas être extradé. Le suspect préparait-il sa fuite? Interrogé sur ce point, il a expliqué, selon Le Parisien, qu’il avait dressé cette liste à la demande d’un « ex-codétenu ».
De même source, des jumelles ont été découvertes à son domicile. Les enquêteurs cherchent à savoir s’il les utilisait pour observer, depuis sa fenêtre, les jeunes filles qui répondaient à ces fausses annonces immobilières. Il leur a répondu s’en servir pour « observer les montagnes et les forêts ».
Le suspect consultait par ailleurs des sites de jeunes femmes asiatiques, ce qui interpellent les enquêteurs étant donné les origines de la jeune femme.
Les enquêteurs cherchent d’autres preuves matérielles
Jean-Marc Reiser n’a pas été entendu par le juge d’instruction en charge du dossier depuis sa dernière audition, le 6 octobre dernier. Les enquêteurs cherchent de nouvelles preuves matérielles, estimant qu’étant donné son profil, le suspect ne reconnait des faits que face à de tels éléments.

Voici notamment les pistes sur lesquelles ils travaillent :

Les enquêteurs cherchent à établir le parcours précis du suspect le jour de la disparition de Sophie.
Ils cherchent à identifier l’ADN féminin retrouvé à son domicile. Selon Le Parisien, ce n’est pas celui d’une étudiante nigériane qui vivait un temps chez Jean-Marc Reiser et qui a fui, dans son pays, en raison de son comportement.
Ils attendent également les résultats des analyses des deux bâches retrouvées dans la voiture du mis en examen.
Ils cherchent enfin d’éventuels liens avec des affaires non élucidées.
Par le passé, l’homme a été condamné à deux reprises pour viol. En 2012, puis en 2016, il est à nouveau condamné à de la prison pour des tentatives de cambriolages dans des cliniques vétérinaires. La police se demande s’il ne cherchait pas des anesthésiants…

Une autre affaire intrigue aussi les policiers, celle de la disparition non résolue d’une femme, Françoise Hohman, en septembre 1987. L’homme a été soupçonné et jugé mais, en l’absence de preuve matérielle, un non-lieu avait été prononcé.

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