Pédophilie : le pape François invoque « la présomption d’innocence » pour refuser la démission du cardinal Barbarin

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Le pape François a refusé la démission du cardinal Philippe Barbarin, invoquant « la présomption d’innocence ». Ce dernier a été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis pour « non-dénonciation de mauvais traitements » envers un mineur entre 2014 et 2015, dans le cadre de l’affaire Preynat. Il a fait appel.

« Lundi matin, j’ai remis ma mission entre les mains du Saint Père. En invoquant la présomption d’innocence, il n’a pas voulu accepter cette démission », a annoncé le cardinal Philippe Barbarin dans un communiqué publié mardi. Condamné à six mois de prison avec sursis pour « non-dénonciation de mauvais traitements » envers un mineur entre 2014 et 2015, le prélat français s’était rendu à Rome pour une rencontre privée avec le pape François. Le cardinal Barbarin reste donc archevêque de Lyon en attendant son procès en appel. Il a toutefois précisé qu’il se mettrait « quelques temps » en retrait du diocèse.

La Conférence des évêques s’est étonnée de cette situation « inédite » qui résulte du « conflit entre deux exigences », celle de « respecter le cheminement de la justice » et celle de « se préoccuper du bien du diocèce de Lyon ». De son côté, François Devaux, cofondateur de l’association La Parole libérée qui regroupe des victimes d’un prêtre pédophile, évoque « l’erreur de trop ». « Je crois que cet homme-là (le Pape) va réussir à tuer l’Eglise. (…) Cela montre à quel point on a raison et que le problème est intrinsèque au dogme », a-t-il poursuivi.

Le pape François laisse le cardinal « libre de prendre la décision la plus appropriée pour son diocèse »
A Rome, le Vatican a confirmé par communiqué que « le Saint-Père n’a pas accepté la démission présentée par le Cardinal Philippe Barbarin ». « Conscient, cependant, des difficultés que connaît actuellement l’archidiocèse, le Saint-Père a laissé le cardinal Barbarin libre de prendre la décision la plus appropriée pour son diocèse », ajoute le texte.

Archevêque de Lyon depuis 2002, cardinal depuis 2003, primat des Gaules (titre honorifique conféré à l’archevêque de Lyon depuis le XIe siècle), Monseigneur Philippe Barbarin est considéré à 68 ans comme le plus haut dignitaire de l’Eglise de France. A l’issue d’un procès devenu symbole de la crise de l’Eglise face aux actes pédophiles, il a été condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agressions pédophiles imputées par des scouts au père Bernard Preynat dans les années 1980/1990 et dont il avait été informé par une victime en 2014.

Le pape François avait déjà rejeté la démission de Barbarin en 2016
Le cardinal a martelé durant le procès n’avoir « jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles ». Mais le jugement considère qu’il a choisi de ne rien dire aux autorités françaises « pour préserver l’institution » de l’Eglise, empêchant ainsi « la découverte de très nombreuses victimes d’abus sexuels par la justice ». Ses avocats ont fait appel et il faudra donc attendre le jugement de ce second procès pour connaître le sort définitif du prélat.

Réputé proche de Monseigneur Barbarin, le pape argentin a longtemps pris personnellement la défense du cardinal français. Lorsque l’affaire avait éclaté en 2016, il avait déjà rejeté une démission du prélat, jugeant qu’elle serait « un contresens, une imprudence », avant l’issue de son procès.

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