Récupérons nos droits à la culture et à la liberté

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C’est avec avec une brutalité et un aveuglement désormais habituels que le gouvernement a annoncé ce jeudi 10 décembre que les établissements recevant du public resteront fermés pour encore au moins trois semaines.

Depuis le début de la crise sanitaire comme depuis son arrivée au pouvoir, l’exécutif manifeste un profond inintérêt et un mépris ostentatoire vis-à-vis des secteurs artistiques et culturels. Se cachant derrière un soutien économique de crise insuffisant qui oublie les plus fragiles (individus comme structures), il considère les travailleur·euses de l’art corvéables à merci selon le bon vouloir du Conseil de Défense. En effet, cela fait plusieurs semaines que l’ensemble des secteurs culturels travaille d’arrache-pied pour pouvoir proposer un retour tant attendu et dans la sérénité dans leurs espaces. Un travail acharné balayé du revers de la main par un gouvernement qui ne semble n’avoir rien à faire du temps et de l’argent nécessaires à investir en amont de toute proposition. Du temps et de l’argent investis vraisemblablement pour rien, ce qui en plus d’être moralement très dur met en danger de nombreuses structures. Le gouvernement se complaît également dans une méthode de prise de décision autoritaire insupportable : il n’a encore une fois consulté ni informé aucun·e acteur·ice du secteur de sa décision, quand bien même il a été demandé aux lieux culturels de travailler sur des protocoles d’ouverture en décembre.

En plus de la méthode indécente, c’est l’approche même du gouvernement qui est inadmissible et mortifère. Comment justifier de laisser tous les lieux culturels fermés au public pour des raisons sanitaires alors qu’aucun d’entre eux n’a été foyer de contamination depuis le début de la crise ? Les travailleur·euses qui les font vivre sont par ailleurs on ne peut plus habitué•es à respecter scrupuleusement de nombreuses mesures de sécurité et ils ont su s’adapter de manière exemplaire aux protocoles sanitaires entre juin et octobre. Comme l’a dit Jean-Luc Mélenchon, « les salles n’y sont pour rien dans les contaminations » et les tenir fermées ne réduit pas la propagation du virus. La stratégie, ou plutôt l’absence de planification, mise en place par le gouvernement est donc la première responsable de la situation sanitaire. Elle appelle à réfléchir et mettre en place des alternatives au confinement planifiées, comme l’a proposé la France insoumise. Enfin, c’est la conception de ce que le gouvernement juge « essentiel » et autour duquel il organise notre vie à coups de trique depuis plusieurs mois qu’il faut combattre. Nous ne pouvons accepter que la vie durant la crise et dans le quotidien d’après qu’elle dessine soit uniquement organisé autour du travail et de la consommation de masse.

La manière dont le gouvernement traite les arts et la culture depuis le début de la crise sanitaire n’est pas anodine. L’obscurantisme qui teinte les annonces du jeudi 10 décembre ne fait que confirmer la direction prise par Emmanuel Macron et ses exécutifs successifs depuis maintenant plus de trois ans. Il n’y a rien à attendre d’un gouvernement qui travaille continuellement à désengager les pouvoirs publics des politiques culturelles depuis son arrivée au pouvoir. L’avenir que trace la feuille de route CAP2022 pour la culture (et pour tout ce qu’elle aborde) et le projet de loi 4D qui confiera au Préfet le dernier mot en matière d’affaires culturelles ne sont pas acceptables, pas plus que la mise en quarantaine de notre vie culturelle pour le plus grand plaisir des plateformes de divertissement. En ce sens, le groupe thématique Culture de la France insoumise se joint à l’appel lancé par Samuel Churin, comédien et membre de la Coordination des intermittent-es et précaires : « Arrêtons d’être défensifs et optons pour des stratégies offensives ». Il soutient toutes les structures culturelles et toutes les organisations qui ont répondu à cet appel et se préparent actuellement à déposer un référé-liberté auprès du Conseil d’État pour contraindre le gouvernement à laisser les lieux culturels rouvrir. Nous saluons également l’ampleur inédite que prend cette mobilisation à laquelle prennent part syndicats d’employeur·euses et de travailleur·euses, du public comme du privé, ainsi que les centaines de structures culturelles qu’ils représentent.

Le groupe thématique Culture appelle à participer et participera au rassemblement à l’initiative de la CGT Spectacle mardi 15 septembre à 12h place de la Bastille à Paris. D’autres rassemblements auront lieu partout en France ce même jour.

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