Sur une longue durée, la part des hommes de 25 ans à 49 ans occupant un emploi s’est érodée : 11 points de moins entre 1975 et 2014, alors que la part des femmes gagne 19 points. La plupart des pays industrialisés connaissent le même phénomène, la crise ayant frappé en priorité les métiers occupés par les hommes, notamment dans l’industrie. En France, la tendance est plus accentuée. La situation des femmes est paradoxale : si leur participation au marché du travail s’est accrue, la qualité des emplois qu’elles occupent s’est dégradée. Le sous-emploi – temps partiel subi, par exemple – concerne 6,6 % des plus de 25 ans et touche particulièrement les femmes (9,8 % contre 3,8 % pour les hommes). Enfin, bien que le nombre de contrats à durée indéterminée reste stable, les CDD très courts, ceux d’un mois ou moins, sont en forte hausse (69 % du total des CDD) et concernent, là encore, en priorité les femmes.
L’endettement des ménages français a fait un bond de 15 points en dix ans, passant de 41 % à 55,7 % du PIB entre 2005 et 2015. Il se situe aujourd’hui dans la moyenne européenne. Cette augmentation s’explique notamment par la hausse des prix du mètre carré et les conditions d’emprunt et de renégociation rendues plus favorables par la baisse des taux. Le nombre de dossiers de surendettement recule et frappe en priorité les personnes seules, les chômeurs et les sans-profession. En revanche, ce sont toujours les ménages les plus riches qui s’endettent le plus : un ménage sur deux dans les 10 % des ménages les plus aisés.
ESPÉRANCE DE VIE Les ouvriers et les employés fortement défavorisés
En matière d’espérance de vie, la France se caractérise par des inégalités sociales fortes, au détriment essentiellement des ouvriers et des employés. Après avoir progressé à un rythme rapide, l’espérance de vie en bonne santé diminue légèrement depuis 2010, sans que les séries statistiques permettent d’en expliquer totalement les causes – prévalence de certaines maladies chroniques ou inégalités sociales, financières ou territoriales.
SATISFACTION Heureux pour soi, pessimiste pour le pays
L’enquête Eurostat/Insee illustre à merveille le paradoxe français : « bonheur privé et malheur public », comme le dit le sociologue Jean Viard. Les Français se déclarent heureux ou satisfaits de leur situation et de leur vie personnelles (87 %) et s’inscrivent ainsi en milieu de tableau européen. En revanche, ils demeurent fondamentalement pessimistes sur la situation et l’avenir de leur pays, au point de figurer parmi les peuples les plus pessimistes en Europe et même dans le monde.
REVENUS La redistribution corrige en partie les écarts de revenus
Les inégalités de revenus ont augmenté constamment depuis la fin des années 1990 et ont même bondi à partir de 2009, avec la crise. Elles ont ensuite fortement diminué, notamment en 2012 et 2013, grâce à la baisse des taux d’intérêt de l’immobilier et à une politique fiscale plus favorable aux revenus modestes. Avec un système de redistribution plus généreux, la France est le pays de l’OCDE où la situation des 10 % des ménages les plus pauvres s’est malgré tout améliorée. Les inégalités de patrimoine sont plus marquées que celles des revenus, mais elles sont stables : les 10 % des Français les plus riches détiennent 47 % du patrimoine.