La France fait en sorte d’accueillir un réfugié homosexuel tchétchène au moment où Poutine en parle à Versailles

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« Nous nous sommes tout dit ». Avec une heure et demi de retard par rapport au programme officiel, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont résumé devant la presse la teneur de leur premier échange de visu dans le cadre somptueux du château de Versailles. Tandis que de nombreuses associations pressaient le président français d’interpeller son homologue russe sur le sort des ONG et des homosexuels en Tchétchénie, Emmanuel Macron a déclaré avoir eu un « échange extrêmement franc et direct », notamment sur ce sujet, avec le maître du Kremlin.

Le chef de l’État français a « rappelé » au président russe « l’importance de sujets qui touchent nos valeurs et nos opinions publiques », ainsi que « l’importance pour la France du respect de toutes les personnes, les minorités et sensibilités ». Geste symbolique: au même moment, un premier réfugié tchétchène atterrissait à Paris à l’initiative de la France.

« La vérité complète sur les activités des autorités locales »

Selon le journal russe Novaïa Gazeta, les autorités de la Tchétchénie, république russe du Caucase où l’homosexualité est plus qu’un tabou, ont arrêté plus de cent homosexuels et incité leurs familles à les tuer pour « laver leur honneur ». Toujours selon le journal, au moins deux personnes ont été tuées par leurs proches et une troisième est décédée des suites d’actes de tortures.

« Le président Poutine m’a (…) indiqué avoir pris plusieurs initiatives sur le sujet des personnes LGBT en Tchétchénie avec des mesures visant à faire la vérité complète sur les activités des autorités locales et régler les sujets les plus sensibles », a-t-il déclaré, affirmant qu’il serait « constamment vigilant » sur la question.

« J’ai très précisément indiqué au président Poutine les attentes de la France », a-t-il aussi assuré à la presse à l’issue de son tête-à-tête avec son homologue russe, ajoutant avoir « convenu » avec lui « d’avoir un suivi extrêmement régulier ensemble » sur la question.

De son côté, Vladimir Poutine n’a pas commenté cette partie de leur entretien.

Un premier réfugié homosexuel tchétchène en France

Tout en prônant le rétablissement du « dialogue » avec son homologue russe, jugé incontournable dans la lutte contre le terrorisme et dans la résolution de la crise syrienne, Emmanuel Macron a tenu à adresser un signal en ouvrant les portes de la France aux persécutés russes. Symboliquement, au moment où Vladimir Poutine débutait sa visite à Versailles, l’association SOS Homophobie dévoilait qu’un premier réfugié homosexuel tchétchène avait atterri à Paris.

« Nous avons travaillé avec le Quai d’Orsay pour régler cette situation urgente. C’est clairement une décision de l’Etat français pour montrer qu’il est engagé dans ce combat », a confirmé au HuffPost le président de SOS Homophobie Joël Deumier, interrogé sur la coïncidence entre l’arrivé de ce réfugié et la venue de Vladimir Poutine en France.

Si Joël Deumier « salue la prise de position d’Emmanuel Macron » auprès de Vladimir Poutine sur le sort réservé aux homosexuels, il se dit en revanche très sceptique quant à la promesse d’une enquête diligentée par Moscou. « On n’y croit pas du tout à cette enquête. Poutine a déjà dit que l’enquête avait été faite et il a déjà affirmé qu’il n’y avait rien », affirme le président de SOS Homophobie en réclamant « une enquête indépendante ».

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