Castaner à la tête de La République en marche pour la remettre en mouvement

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La République en marche a porté à sa tête samedi Christophe Castaner, le parti présidentiel comptant sur ce proche d’Emmanuel Macron pour lui donner un nouvel élan après les critiques essuyées sur son absence du paysage politique et son manque de démocratie interne.

C’en était un motif de plaisanterie, même pour l’intéressé qui appelait à rester « prudent »: seul en course et plébiscité publiquement par cadres et militants, moins deux abstentions, Christophe Castaner été élu sans suspense pour trois ans au poste de « délégué général » par le Conseil, c’est à dire le parlement, de La République en marche.

« Je suis fier et très honoré d’avoir été élu délégué général de LaRem. Je me mettrai au service de notre mouvement et porterai la voix de tous nos adhérents », a tweeté dans la foulée M. Castaner, assurant aux présents dans la salle: « votre vote ne me donne aucun droit, uniquement des devoirs ».

S’il relève que son nom a fini par émerger comme « une évidence », le porte-parole du gouvernement et secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement reconnaît ne pas avoir « rêvé » du poste.

Le peu de profils disponibles pour remplir ce rôle l’ont rendu incontournable et il a fallu se plier au mantra de la Macronie: « on n’est pas demandeur, mais on a une mission ».

Ses nouvelles fonctions, non rémunérées, vont l’obliger à abandonner au moins le porte-parolat et certains, y compris dans son camp, poussent pour un départ du gouvernement en jugeant sa casquette de chef de parti incompatible avec son secrétariat d’Etat. M. Castaner retournerait alors sur les bancs de l’Assemblée nationale, comme député des Alpes-de-Haute-Provence.

Quoiqu’il arrive, son élection entraînera un remaniement du gouvernement en début de semaine prochaine qui devrait toutefois rester d’ampleur limitée.
Le consensus Castaner

Quinquagénaire volubile et chaleureux, M. Castaner a été adoubé par l’Elysée pour sa nouvelle envergure politique et ce qu’il incarne: un +marcheur+ de la première heure, à la fois proche d’Emmanuel Macron et facile au contact avec les simples adhérents.

« Qui fait consensus aujourd’hui ? Castaner », résumait vendredi un ministre. Et d’insister: « le mouvement n’est pas encore mature complètement mais laissons émerger des leaders -ceux qui existent déjà sont au gouvernement et à l’Assemblée-, et la meilleure personne pour les faire émerger, c’est Castaner ».

M. Castaner dit, lui, vouloir « remettre le mouvement en mouvement ».

« Je sais ce que je lui dois, ce que je dois aux marcheurs », rappelle-t-il aussi, en développant un programme en trois axes: que chacun trouve de « l’utilité et de la responsabilité »; « élaborer le corpus idéologique » d’un parti centré sur le programme présidentiel; et « préparer les échéances politiques », dont les européennes de 2019.

Alors que La République en marche s’est engagée sur d’ambitieux chantiers (formation militante, grande marche européenne…), grâce au jackpot des subventions publiques (20 millions d’euros par an), M. Castaner ne veut pas « nier les difficultés ».

« Le siège s’est un peu perdu, il a été un peu vide » ces derniers mois, consent-il en promettant de redonner de l’impulsion à une base militante de 380.000 adhérents revendiqués, sans que l’on sache précisément le nombre de « marcheurs » actifs.

« La comptabilité pour faire le cacou, ça n’a pas beaucoup d’intérêt », balaie l’ancien maire de Forcalquier. « La seule comptabilité que je voudrais qu’on tienne, c’est celle de l’action. »

M. Castaner devra aussi apaiser les quelques remous en interne liés à l’élection des 20 membres de son bureau exécutif qui ont cristallisé certaines critiques sur l’absence supposée de démocratie interne.

La liste favorite, composée par et pour M. Castaner, a été choisie à une large majorité samedi (386 voix sur 521 votants). Elle comprend 10 parlementaires, dont le patron des députés LREM Richard Ferrand et celui des sénateurs François Patriat, mais sa composition a été jugée par certains trop « parisienne » et éloignée des simples adhérents.

Autre source de tension, le vote à bulletin secret pour ce scrutin n’a pas été obtenu. Invités à se prononcer, les membres du Conseil se sont divisés sur la question: 277 voix contre, 239 pour. Signe que l’unanimisme n’a pas été total samedi.

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