Macron au Qatar : promis, juré, c’est la fin des liens troubles

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L’émir du Qatar a accueilli le président français, autrefois très critique contre Doha, avec une moisson de contrats. Elle est partout à Doha. Sur les façades des gratte-ciel, les pare-brise des voitures ou encore les coques des téléphones portables. Moustache virile, mèche rebelle et menton mussolinien, l’effigie en noir et blanc de l’émir du Qatar, Tamim al-Thani, saute aux yeux des visiteurs qui accompagnent le président Macron dans sa première visite au Qatar. Une visite éclair, étonnamment juteuse.

On se fait traduire les quelques mots écrits en arabe sous un portrait géant de l’émir. « Tamim le Glorieux ». On apprend que le visage du prince a fleuri partout à Doha depuis le mois de juillet. C’est-à-dire depuis que le petit émirat fait l’objet d’un boycott total de la part de ses voisins, en particulier l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, à cause de ses liens, réels ou supposés, avec le « diable » iranien et son financement de groupes terroristes islamistes. Ce soudain culte de la personnalité est-il le reflet de l’amour sincère que porteraient les Qatari à leur autocrate en ces temps de crise diplomatique ? Comment savoir ?

En tous cas, ce culte ne semble pas gêner le moins du monde Emmanuel Macron, le président qui refuse de donner des leçons de démocratie. Après avoir, pendant la campagne électorale, dit pis que pendre du Qatar, et juré, la main sur le cœur, qu’il aura « beaucoup d’exigences » à son égard, il a fait son Sarkozy, mis un mouchoir sur ses promesses, puis engrangé les contrats.

Terminée, la complaisance…

Il faut dire que la moisson est particulièrement bonne cette année : pas moins de 12 milliards d’euros, au profit de la SNCF (le métro de Doha), de Dassault (des Rafale par douzaines) et d’Airbus (des A321 à la pelle). Comme si la fermeté du candidat avait payé. Disons aussi que, totalement isolé dans la péninsule, « Tamim le Glorieux » multiplie ce type d’accords faramineux avec les pays occidentaux. Il voudrait acheter leur soutien qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Vous n’y êtes pas du tout, rétorque en substance Emmanuel Macron. Le temps des « affairistes » et de la « complaisance »est terminé, a-t-il lancé lors de la conférence de presse organisée au « Diwan », un gigantesque palais de marbre blanc, résidence officielle de l’émir. Finis donc les liens troubles entre l’élite politique française et le Qatar, finie l’ère des intermédiaires et des émissaires de l’ombre. Assure-t-il.

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