Puigdemont : « Je suis prêt à rencontrer Rajoy »

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Les indépendantistes cherchent ce vendredi comment reprendre le pouvoir en Catalogne après avoir reconquis la majorité au parlement régional et infligé une défaite cinglante au gouvernement espagnol qui les avait destitués après leur tentative de sécession.

Les indépendantistes catalans ont conservé jeudi leur majorité au parlement régional, replongeant l’Espagne dans l’incertitude après la tentative d’indépendance sans lendemain qui avait inquiété l’Europe.

Le scrutin s’est déroulé sans incident malgré des semaines de tension, par une journée froide mais ensoleillée, ускше

Après dépouillement de plus de 99,8 % des bulletins, les trois formations indépendantistes disposaient, avec 70 sièges sur 135 au parlement régional, de la majorité absolue. « Puigdemont président, président! » criaient les partisans du dirigeant destitué à Barcelone après l’annonce des résultats.

Rajoy grand perdant

« L’Etat espagnol a été vaincu. Rajoy et ses alliés ont perdu ! », tonnait, un peu plus tard depuis Bruxelles le leader indépendantiste, dont la liste arrive en tête au sein du camp indépendantiste, exultant face à ce résultat « que personne ne peut discuter ».

Carles Puigdemont a formé sa propre liste Ensemble pour la Catalogne, et disputait les voix indépendantistes au parti ERC de son ancien vice-président Oriol Junqueras, en détention provisoire en Espagne. Tous deux sont inculpés pour rébellion, sédition et malversation, comme l’ensemble du gouvernement déposé.

Le résultat est en effet mauvais pour Mariano Rajoy, qui n’a pas découragé les indépendantistes et doit faire face au même adversaire dont la stratégie sera de chercher à démontrer en Europe que l’on muselle sa cause, pour gagner des soutiens.

Son Parti populaire a en outre perdu huit sièges (sur 11) en Catalogne, au profit de Ciudadanos (centre droite), qui pourrait aussi gagner du terrain au-delà de la région.

Un rapport de force complexe

La réalité en Catalogne est bien plus complexe car le rapport de forces entre indépendantistes et partisans de l’Espagne reste presque identique à celui des dernières élections et les séparatistes… sont moins nombreux.

Par le jeu des pondérations de voix profitant aux régions rurales où ils sont bien implantés, les indépendantistes ont en effet la majorité au parlement sans avoir la majorité des voix : 47,6 % des Catalans ont voté pour ces formations, mais 52 % contre.

Les électeurs catalans, qui ont battu avec près de 82 % de votants le record historique de participation dans la région, ont toutefois désigné comme première force politique de la province le parti libéral anti-indépendance Ciudadanos, qui obtient 37 sièges.

« Une chose est désormais encore plus claire (…) la majorité sociale soutient l’union avec le reste des Espagnols et des Européens et les partis nationalistes ne pourront plus jamais parler au nom de toute la Catalogne, car la Catalogne c’est nous tous », a martelé jeudi soir Inès Arrimadas, chef de file de Ciudadanos.

À moins qu’ils ne parviennent pas à s’entendre pour former une coalition, les indépendantistes reprendront donc les commandes de la région que le gouvernement de Madrid leur avait retiré en invoquant pour la première fois l’article 155 de la Constitution pour destituer l’exécutif régional et dissoudre le parlement quand ils ont proclamé une indépendance mort-née.

Carles Puigdemont suivait le décompte depuis Bruxelles, où il s’est réfugié avec quatre anciens « ministres » régionaux pour tenter en vain d’obtenir le soutien de l’Union européenne. Celle-ci appuie fermement le gouvernement de Madrid et a tenu à le souligner dès jeudi soir.

La position de l’UE sur la Catalogne « ne changera pas », a réagi un porte-parole de la Commission européenne.

Carles Puigdemont appelle au dialogue

M. Puigdemont avait déclaré le 12 décembre qu’il reviendrait en Espagne s’il pouvait être investi président. Rien ne s’oppose en principe à ce qu’un dirigeant politique poursuivi soit investi, puisqu’il n’est pas condamné. Mais encore faut-il qu’il reste libre.

En exil à Bruxelles, le président catalan destitué a déclaré ce vendredi lors d’une conférence de presse, qu’il était « prêt à rencontrer Mariano Rajoy », hors d’Espagne, dans n’importe quel pays européen. « On ne peut pas faire de la politique sans dialogue », a-t-il ajouté.

Il a aussi demandé la suspension de l’article 155 de la Constitution espagnole qui met la Catalogne sous tutelle et le retrait des forces de police. Il a enfin demandé à être entendu par l’UE.

Mariano Rajoy doit s’exprimer aux alentours de 14 heures.

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