Sarkozy rattrapé par Kadhafi

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L’ex-chef de l’Etat a été placé en garde à vue mardi dans le cadre de l’enquête sur le présumé financement libyen de la campagne de 2007. Après cinq ans d’investigations, c’est la première fois que les magistrats l’entendent sur ce dossier.

C’est l’une des dernières interventions télévisées de Nicolas Sarkozy. Ce 17 novembre 2016, l’ex-chef d’Etat participe au troisième débat de la primaire de la droite et du centre. Alors que David Pujadas l’interroge sur les dernières accusations de l’intermédiaire Ziad Takieddine, qui a révélé, dans un entretien diffusé quelques jours plus tôt par Mediapart, lui avoir personnellement remis 1,5 million d’euros en cash début 2007, Sarkozy le coupe, l’air outré : «Vous n’avez pas honte ? s’étrangle-t-il. Vous n’avez pas honte de donner écho à un homme qui a fait de la prison, qui a été condamné à d’innombrables reprises pour diffamation et qui est un menteur ?» Défense classique pour celui qui a toujours démenti avoir reçu le moindre centime de Kadhafi.

Mais depuis, l’enquête sur le financement présumé de sa campagne de 2007 par le régime libyen s’est accélérée. Et après cinq ans d’investigations, les juges d’instruction Serge Tournaire, Aude Buresi et Clément Herbo semblent eux aussi considérer que les propos de l’ancien intermédiaire, en dépit de ses versions successives, ne sont pas forcément si farfelus. Comme l’ont révélé Mediapart et le Monde, Nicolas Sarkozy a été placé mardi matin en garde à vue dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, à Nanterre. Sa concurrente en 2007, Ségolène Royal, a réagi mardi soir sur Twitter :

«Malgré des conditions difficiles, la justice avance. Ma pensée va aux millions de citoyens qui ont le droit de savoir si le match était à armes égales…»

Déjà renvoyé en correctionnelle pour «financement illégal de campagne» dans l’affaire Bygmalion et mis en examen pour «corruption», «trafic d’influence» et «recel de violation du secret professionnel» dans le dossier «Bismuth», l’ancien chef de l’Etat n’avait encore jamais été entendu dans le dossier libyen. A l’issue d’une garde à vue susceptible de durer quarante-huit heures, il pourrait être présenté aux juges en vue d’une mise en examen. Son ancien ministre et ami Brice Hortefeux a été entendu de son côté en audition libre par la police – car protégé ponctuellement par son immunité de député européen. L’enquête, tentaculaire, vise des faits de «corruption active et passive», «trafic d’influence», «détournement de fonds publics», «abus de biens sociaux», «faux et usage de faux», «blanchiment de fraude fiscale» et recel. A défaut d’avoir identifié formellement un versement en provenance de Libye, les enquêteurs ont mis en lumière des flux de cash en marge de la campagne de 2007. «De nouvelles qualifications pourraient être retenues au regard des circulations d’espèces et de charges non intégrées dans les comptes de campagne de la présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy», soulignent-ils dans un rapport de septembre 2017 consulté par Libération. Selon l’AFP, l’enquête libyenne a été élargie depuis à des soupçons de «financement illégal de campagne électorale»

Libetation.

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