Après ses maladresses, Macron cherche à dissiper le trouble

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En baisse dans les sondages après plusieurs maladresses, Emmanuel Macron espère une sortie par le haut devant le Congrès, le 9 juillet. Emmanuel Macron devant le Congrès à Versailles en juillet 2017.

La nuance est d’importance. « Ce n’est pas pour provoquer : c’est pour faire prendre conscience », assure-t-on à l’Elysée après que plusieurs propos ou projets du Président ont suscité un certain trouble, ces derniers temps. « Pognon de dingue » consacré aux aides sociales, plaisanterie déplacée sur la « mafia » des Bretons devant le pape, admonestation d’un collégien au Mont-Valérien sans compter le projet de piscine au fort de Brégançon : voilà qui, sur fond de rechute dans les sondages, commence à faire beaucoup. Mais dans l’équipe d’Emmanuel Macron, on relativise.

« Rien ne démontre qu’il y a un lien entre l’évolution des courbes de popularité et les anecdotes qui passionnent le Café de Flore, explique le porte-parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit. D’autant que la popularité du Président demeure assez élevée malgré tout. » Le chef de l’Etat en est persuadé, et Bruno Roger-Petit le martèle : « Le pays profond est tranquille, il n’est pas crispé. Sinon, cette coagulation des grands mécontentements qu’on nous annonçait aurait eu lieu. Or, elle n’a jamais eu lieu. »

« Il faut qu’on fasse gaffe »

C’est pourtant faire fi des doutes exprimés de plus en plus résolument par l’opinion, sondage après sondage. « Le pays est en attente », répète ces jours-ci à tous ses interlocuteurs Stéphane Séjourné, le conseiller politique du Président. Sauf qu’à une forme d’attentisme bienveillant devant l’activisme de l’exécutif, est en train de se substituer une ­incertitude sur les bénéficiaires des réformes et l’exacte compréhension du pays par le ­Président. Et le sentiment croissant d’une certaine déconnexion. Les sondages commandés par l’exécutif ont beau montrer un effet « extrêmement positif en termes d’image » de la leçon présidentielle au jeune collégien, assurent des ministres, plusieurs piliers de la macronie s’inquiètent d’une possible ­rupture.

Le ministre des Relations avec le Parlement, ­Christophe Castaner, en convient : « Il n’y a pas péril en la demeure mais il y a des incompréhensions, des ­colères. Il faut les entendre. ­Attention aux messages qu’on envoie et aux ­maladresses qu’on peut commettre! Il faut qu’on fasse gaffe. » Le ­Président devrait-il mettre de l’eau dans son verbe? « Les ­loupés de communication, il les voit, estime un autre membre du gouvernement. Et il voit parfaitement qui en est ­l’auteur. Je suis sûr que la boutade sur la mafia bretonne, il ne la referait pas. Mais il ne reconnaîtra jamais qu’il a déconné… »
« Ce qui reste à faire »

A l’Elysée, on jure ne rien ­vouloir changer à une méthode qui, jusqu’ici, a fonctionné : « On ne navigue pas à la godille. Au bout d’une année d’exercice du pouvoir, nous avons conduit des réformes dont personne n’imaginait qu’elles pourraient être menées à leur terme. Je le dis à nos amis qui paniquent : il faut traverser les choses avec sérénité. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’observe pas les signaux faibles et les soubresauts du pays. Mais nous reprenons notre souffle pour ­projeter les grands marqueurs de la deuxième année. » Ceux ­qu’Emmanuel Macron s’emploiera à dévoiler, le 9 juillet, devant le Congrès réuni à Versailles.

« Emmanuel est capable de ­descendre dans l’arène pour défendre sa politique, mais aussi de prendre de la hauteur, estime François ­Patriat, chef de file des sénateurs En marche. Ce sera le cas dans son discours au Congrès. » Macron y dira « ce qu’il a trouvé, ce qu’il a corrigé et ce qui reste encore à faire, confie un conseiller. Il donnera le sens des perspectives. Ce ne sera pas un discours de politique ­générale de Premier ministre ». Comprendre : pas une revue de détail des mesures et dispositifs à venir. « Son rôle n’est pas de faire le bilan de ­l’année mais de remettre en ­cohérence et de se projeter », ajoute un autre conseiller. Un grand ­dessein, donc, pour gommer les maladresses du quotidien. ­Suffisant pour dissiper les malentendus qui s’installent? Un ministre s’inquiète : « Je ne crois pas qu’on arrivera à lever ces doutes avec un discours devant le Congrès ».

Lejdd.fr

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