Un remaniement large peut-il vraiment relancer Macron?

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Un nouveau gouvernement est attendu dans les prochaines heures. Il devrait être d’ampleur. Mais quel est l’impact d’un tel changement et y en a-t-il vraiment un?

En chute libre dans les sondages, Emmanuel Macron entend faire du remaniement un point d’appui pour se relancer. « C’est clairement un élément de rebond majeur, même si ce n’est pas le seul », expliquait l’Elysée dans le JDD. Une sorte de nouveau départ pour sortir d’une séquence estivale compliquée, entre affaire Benalla et départ de Nicolas Hulot. Alors contrairement à début septembre où le ministre de la Transition écologique avait été remplacé poste par poste, le gouvernement travaille à un large remaniement, ecrit Lejdd.fr.

« Il y a dans l’équipe des gens essoufflés, d’autres qui veulent partir… Donc on en profite pour se remettre en dynamique », décrypte un proche du Président. Si cette hypothèse se confirme, le Premier ministre pourrait décider de remettre la démission de son gouvernement, être renommé et proposer un « gouvernement Philippe III ». Il pourrait aussi solliciter un vote des députés sur une déclaration de politique générale.

Pas ou peu d’impact en termes de popularité

Sauf que changer d’équipe gouvernementale ne permet pas toujours de réenclencher une dynamique, ni de faire remonter sa cote de popularité. Les prédécesseurs d’Emmanuel Macron peuvent en témoigner. Ainsi, la démission-nomination de François Fillon en novembre 2010 n’avait pas permis à Nicolas Sarkozy de réellement remonter dans les sondages : de 29% de satisfaits en octobre, il est passé à 32% en novembre, avant de redescendre à 31% en décembre et 30% en janvier 2011, selon le baromètre Ifop pour le JDD.

Idem sous Manuel Valls en août 2014, à la suite des départs d’Arnaud Montebourg, de Benoît Hamon – et avec l’arrivée… d’Emmanuel Macron. La courbe de popularité de François Hollande est passé de 17% de satisfaits en août à 13% en septembre et 14% en octobre. Parfois un remaniement ne s’accompagne pas d’une démission du gouvernement, même si l’ampleur du changement d’équipe est large. Ce fût le cas en février 2016, avec le départ de Laurent Fabius des Affaires étrangères, l’arrivée du radical Jean-Michel Baylet et des écologistes Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé ou encore Barbara Pompili. Et ça n’a pas eu d’impact non plus pour François Hollande : 24% de satisfaits en janvier 2016, 19% en février, 17% en mars, 14% en avril…

Une manière de « retrouver la maîtrise de l’agenda »

« Ça n’a jamais modifié grand-chose. Le jugement des Français ne se base pas là-dessus. Ce n’est certes pas un évènement anodin, mais sa portée s’use très vite », déclare Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, joint par le JDD. Le sondeur y voit surtout « une manière de retrouver la maîtrise de l’agenda », de « reprendre la main » pour Emmanuel Macron qui « a subi les évènements » ces dernières semaines avec l’affaire Benalla et les départs de Nicolas Hulot et Gérard Collomb. « Le Président a dit qu’il ne changerait pas de ligne politique. Cela réduit la portée d’un éventuel tournant du quinquennat », ajoute Frédéric Dabi.

C’est l’autre question, et sans nul doute la plus importante. Quid de l’impact d’un remaniement sans changer de fond? « J’ai donné le cap le 9 juillet dans mon discours au Congrès : il ne dévie pas d’un pouce. […] En aucun cas je ne changerai de politique », a indiqué Emmanuel Macron dans des confidences au JDD en marge d’un déplacement aux Antilles. Reste à savoir qui entrera dans ce nouveau gouvernement et d’où seront politiquement issus les nouveaux ministres. Ce sera peut-être là le véritable enseignement de cette séquence. Notamment en vue des prochaines échéances électorales.

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