Elections aux Etats-Unis : 5 choses à savoir sur Beto O’Rourke, l’étoile montante des démocrates

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Beto O’Rourke rêve de ravir à Ted Cruz son siège de sénateur du Texas dans deux semaines. Inconnu il y a quelques mois, ce démocrate est désormais une attraction aux Etats-Unis.

C’est un des duels à suivre lors des élections de mi-mandat du 6 novembre : le démocrate Beto O’Rourke va tenter de ravir son siège de sénateur du Texas au ténor du parti républicain Ted Cruz. Pour ce faire, ce père de famille a misé sur sa jeunesse et une communication résolument nouvelle, loin des attaques frontales dont Donald Trump s’est fait une spécialité. Selon les derniers sondages, le sursaut républicain des dernières semaines devrait lui coûter la victoire, mais l’enjeu est peut-être ailleurs. Certains lui promettent déjà un avenir national, à deux ans de la présidentielle.

1 – Un ancien rockeur qui assume son passé et ses erreurs

Beto O’Rourke n’est pas un novice en politique. Il a déjà été élu au conseil municipal d’El Paso, sa ville natale, et siège à la Chambre des représentants depuis plus de cinq ans. Mais à 46 ans, ce démocrate fait souffler un vent nouveau – à l’image de nombreux autres candidats du parti cet automne – sur le Texas, un Etat traditionnellement républicain mais dont les grandes villes (Dallas, Houston, Austin) sont démocrates, ecrit Lafranceinsoumise.fr

Dans sa jeunesse, O’Rourke a fait parti d’un groupe de punk-rock, ce qui lui a valu quelques attaques de ses opposants. Mais le démocrate assume son passé et tente régulièrement de le mettre à profit : « Quand vous enregistrez vous-même, organisez vos tournées et écrivez vos chansons, vous avez le contrôle sur ce que vous dîtes », expliquait-il récemment au site américain Vox. « Une campagne, c’est la même chose. »

Lors d’un débat avec Ted Cruz, il a d’ailleurs accusé son adversaire de « travailler pour la répression » (« working for the clampdown »), une citation des Clash qui n’a pas échappé aux fans du groupe de rock.

Fin août, le parti républicain est allé plus loin en publiant sur son compte Twitter une photo de Beto O’Rourke lors de son arrestation par la police en 1998 pour conduite en état d’ivresse. Alors âgé de 26 ans, le démocrate avait percuté un autre véhicule et tenté de prendre la fuite avant d’être arrêté. Mais il n’a jamais caché cet épisode et s’en est même servi au cours de sa campagne.

« S’il faut retenir quelque chose de la décision stupide que j’ai prise il y a plus de 20 ans, c’est peut-être le contraste avec l’expérience que beaucoup ont de notre système judiciaire. » Le candidat, qui avait finalement été relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui, estime que sa couleur de peau y est pour beaucoup.

2 – Il attire les foules et des millions de dollars

C’est peut-être dans son passé sur scène que Beto O’Rourke puise son aisance micro en main. Depuis le début de sa campagne, ses discours envahissent les réseaux sociaux, à l’image de ce plaidoyer pour l’égalité prononcé début septembre.

En quelques mois, le candidat a ringardisé la communication politique classique en se filmant en direct sur Facebook en train de conduire, de rencontrer des électeurs ou de faire du skate. Des vidéos qui cumulent des milliers de vues et présentent l’homme au-delà du candidat.

Mais c’est sa prise de position en faveur des joueurs de football américain qui posent un genou à terre durant l’hymne américain pour protester contre les violences policières visant les Noirs qui a fait le tour du pays, bien aidé, il faut le dire, par le basketteur LeBron James, qui a relayé une vidéo de son discours sur Twitter.

Cette aisance a fait de lui le candidat « le plus scruté de l’année » selon le Washington Post et encouragé les dons de particuliers. Beto O’Rourke, qui refuse le soutien financier d’organisations et de lobbies, a tout de même récolté 38 millions de dollars au cours du troisième trimestre de 2018, un record dans l’histoire des élections sénatoriales.

3 – Il refuse la rhétorique anti-Trump

Contrairement à plusieurs de ses collègues démocrates, Beto O’Rourke refuse de réduire sa campagne à une opposition frontale au président Donald Trump. Accusé d’être un ‘poids plume » par le milliardaire républicain, O’Rourke n’a pas donné dans la surenchère.

« Je pense que cela n’a tout simplement aucun sens de répondre », a-t-il déclaré sur ABC. « L’agressivité et les échanges d’insultes occupent malheureusement une place centrale dans le débat politique: soit vous jetez de l’huile sur le feu, soit vous restez concentré sur l’avenir ».

O’Rourke préfère donc se concentrer sur ses propositions. Il défend par exemple l’interdiction de la vente d’armes automatiques, un sujet très sensible au Texas, et s’attaque au puissant lobby des armes, la NRA. Le démocrate est aussi en faveur d’une couverture santé universelle et un assouplissement de la législation encadrant la consommation de cannabis.

4 – Il peut faire tomber un ténor républicain

Mais la tâche de Beto O’Rourke sera compliquée. Le Texas n’a pas élu un sénateur démocrate depuis 25 ans et il va en plus devoir faire tomber un ténor du parti républicain : Ted Cruz. L’ancien candidat à la primaire républicaine de 2016 a longtemps été au coude-à-coude avec O’Rourke avant de prendre un peu d’avance dans les sondages ces dernières semaines.

Mais, signe que les républicains jouent gros, Donald Trump a dû voler à la rescousse de son ancien adversaire, qu’il surnommait « Ted le menteur » il y a encore quelques mois. Cruz n’a d’ailleurs jamais formellement soutenu Trump pour la présidentielle, demandant aux républicains de voter « selon leur conscience ». Lundi soir à Houston, le président l’a pourtant gratifié d’un « Ted le magnifique », assurant qu’il allait terrasser O’Rourke, un « gauchiste radical qui plaide pour des frontières ouvertes ».

Malgré de meilleurs sondages, Ted Cruz sait que la menace n’a pas encore été écartée. « Notre danger, c’est la complaisance », a-t-il déclaré fin septembre. « L’économie va très bien, les gens s’occupent de leurs emplois ou de leurs enfants ou d’aller à l’église et ils ne prennent pas le temps de voter », prévenait-il lors d’un meeting à Columbus.

5 – On pourrait en entendre parler pour 2020

Phénomène sur les réseaux sociaux, jeune et cool : il n’en fallait pas plus pour que certains observateurs imaginent déjà un avenir présidentiel à Beto O’Rourke. Les démocrates manquent cruellement de figures capables d’incarner l’avenir et les élections de mi-mandat devraient en effet permettre de dégager des candidats probables pour affronter Trump dans deux ans.

« La réponse est non », assure pour le moment Beto O’Rourke, qui reste concentré sur l’élection du 6 novembre, avant de pouvoir se consacrer à ses trois enfants. Les derniers sondages ne lui sont pas favorables : ils donnent en effet sept points d’avance à Ted Cruz.

Début septembre, un membre de la campagne de Beto O’Rourke assurait que le démocrate ne serait pas candidat à la présidentielle s’il devenait sénateur du Texas dans quelques jours. « Si vous voulez qu’il soit candidat à la présidentielle, vous feriez mieux d’espérer qu’il perde d’un point », estimait-il. On n’a peut-être pas fini d’entendre parler de lui.

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