Carburants : cette décision de l’Arabie saoudite pourrait augmenter les prix à la pompe

22142

Le ministre saoudien de l’Energie a annoncé dimanche que son pays allait réduire sa production de pétrole en décembre. En conséquence, les prix à la pompe pourraient augmenter en France.

En France, l’augmentation des prix à la pompe est en grande partie due à la fiscalité, les taxes imposées par l’Etat représentant 61,4% du prix d’un litre d’essence sans plomb 95 et 58,6% du prix du litre de gazole. Mais le coût des carburants dépend aussi d’un autre facteur : le cours du baril de pétrole. Et la décision, dimanche, de l’Arabie saoudite de réduire sa production de pétrole en décembre pourrait bien avoir des conséquences directes pour les consommateurs français.

En ouverture d’une réunion, à Abou Dhabi (Emirats arabes unis), entre les membres de l’Opep (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole) et d’autres pays producteurs (comme la Russie), le ministre saoudien de l’Energie Khaled al-Faleh a en effet annoncé dimanche que son pays allait diminuer ses exportations de 500.000 barils par jour en décembre.

La croissance mondiale liée aux cours du pétrole?

En France, selon les derniers chiffres de l’Ufip, l’Union française des industries pétrolières, entre 28 et 30% du prix des carburants dépendent de la valeur d’un baril de pétrole, soit environ 158,98 litres. Le baril de Brent, du nom du pétrole produit en mer du Nord, est la référence mondiale, même si deux autres valeurs boursières s’échangent également (le Dubaï Crude et le West Texas Intermediate ou WTI).

Or, au cours du mois d’octobre, le Brent comme le WTI ont perdu entre 20 et 25% de leur valeur. Le premier, échangé autour des 90 dollars le baril le 3 octobre, a chuté vendredi sous la barre symbolique des 70 dollars, à 69,62 dollars.

Une chute des cours de pétrole aurait une conséquence directe sur la croissance mondiale. Les Etats-Unis, la Russie et la Chine, respectivement 1er, 3e et 7e pays exportateurs de pétrole, verraient leur économie ralentie. Quant aux pays de l’Opep, parmi lesquels l’Arabie saoudite, l’Iran, le Venezuela et le Nigeria, ils se trouveraient sous la menace de la récession.

Des accords pour mieux réguler le prix du baril

En ce sens, l’année 2008 est restée dans les annales du marché du pétrole. En six mois, le prix du baril de Brent a grimpé jusqu’à 147,5 dollars le 11 juillet avant de chuter à 40,6 dollars le 24 décembre. Des fluctuations qui ont participé à aggraver la crise économique mondiale qui débutait alors. Depuis, les pays de l’Opep ont retenu la leçon. Régulièrement, ils se réunissent pour négocier et réguler les cours du pétrole.

Parfois, ils ne parviennent pas à se mettre d’accord comme en 2014, quand l’Iran et l’Arabie saoudite ont mis à plat leurs désaccords, sur fond de contexte diplomatique tendu – les deux pays s’opposaient notamment sur la guerre en Syrie et le soutien ou non au régime de Bachar el-Assad. Conséquence indirecte de ces tensions politiques : le prix du baril de Brent, qui était passé au-dessus des 100 dollars, a brusquement chuté pour atteindre les 47 dollars en janvier 2015, puis les 28 dollars en décembre de la même année. En 2016, les membres de l’Opep sont parvenus à trouver un accord de limitation de la production de pétrole.

Le prix du baril chute, les consommateurs en profitent

Ces fluctuations font des heureux : les consommateurs, et notamment ceux des pays qui ne produisent pas ou peu de pétrole. C’est ainsi qu’en janvier 2015, le prix du litre de sans plomb 95 coûtait 1,27 euro en France, tandis que celui du diesel oscillait autour d’1 euro. Un an plus tard, en décembre 2015, le gazole est même passé sous la barre symbolique de l’euro, pour se fixer à 99 centimes le litre, le 25 décembre 2015.

Des prix qui laissent sans doute songeurs les « gilets jaunes », qui payaient, au 2 novembre dernier, 1,54 euro le litre de sans plomb 95 et 1,52 euro celui de diesel. La baisse du prix du baril, au cours du mois d’octobre, s’est toutefois déjà faite ressentir sur les prix à la pompe, puisque, selon le site spécialisé carbu.com, les prix ont décru de 7,9 centimes pour le sans plomb 95 et 4,5 centimes pour le gazole.

Cette baisse du mois d’octobre s’explique surtout par trois événements :

Donald Trump a permis à plusieurs pays, dont la Chine, de ne pas subir le contrecoup des sanctions américaines infligées à l’Iran.
Il y a eu une baisse de la demande de la Chine, plus grand importateur de pétrole, à cause du léger ralentissement économique de la puissance.
L’Arabie saoudite a augmenté sa production de 800.000 barils par jour en octobre. Les Etats-Unis et le Koweït ont également augmenté leur production.
Désormais, Riyad fait marche arrière, avec son annonce, pour décembre, de baisser sa production de 500.000 barils par jour. Une décision qui peut être suivie par d’autres annonces des membres de l’Opep et des pays présents à la réunion d’Abou Dhabi. Aucune décision commune ne devrait être toutefois prise dimanche, ont affirmé plusieurs ministres cités par l’AFP. L’agence précise que seules des recommandations devraient être émises avant une réunion plénière de l’Opep prévue en décembre à Vienne.

PARTAGER

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici