Comment une opération ratée à Gaza a provoqué une crise politique en Israël

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Le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a décidé de démissionner mercredi. Son départ pourrait provoquer des élections anticipées.

L’opération aurait dû rester secrète. Dans la soirée de dimanche, des soldats des forces spéciales israéliennes, déguisés en civils, se font repérer alors qu’ils se trouvent dans la bande de Gaza. Une fusillade s’ensuit. 7 combattants palestiniens dont un commandant du Hamas et un lieutenant-colonel de l’armée israélienne sont tués dans l’affrontement. Israël et le Hamas sont de nouveau au bord d’un conflit de grande ampleur. Face au risque d’un embrasement, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, écourte sa visite à Paris et rentre immédiatement en Israël. L’escalade aura tout de même lieu. Le Hamas envoie plus de 450 roquettes et obus de mortiers en quelques heures. Israël réplique en détruisant 150 cibles dans la bande de Gaza. Sept Palestiniens sont tués par les frappes israéliennes. Un Palestinien, travaillant en Israël, a, lui, été tué par une roquette venant de Gaza.

Un cessez-le-feu est finalement conclu mercredi entre Israël et le Hamas. Mais celui-ci provoque un vive mécontentement dans l’électorat de droite en Israël où on considère que Benyamin Netanyahou a cédé au Hamas en ne répliquant pas plus violemment au mouvement islamiste. Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, profite alors de cet affaiblissement momentané du Premier ministre israélien pour annoncer sa démission en qualifiant ce cessez-le-feu de « capitulation devant le terrorisme ». Sa stratégie est simple. A quelques mois des élections législatives prévues théoriquement en novembre 2019, il souhaite provoquer une chute rapide du gouvernement. Cela lui permettrait de débuter sa campagne alors que le capital politique de Benyamin Netanyahou est amenuisé.

Une très faible majorité au Parlement pour Benyamin Netanyahou

Quelque 300 Israéliens ont ainsi manifesté mercredi soir au cri de « sécurité, sécurité! » à Ashkelon et bloqué la route située entre cette ville et la bande de Gaza, axe qui a été soumis aux tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza. Avec le cessez-le-feu, « l’Etat achète le calme à court terme au prix de graves dommages à long terme pour la sécurité nationale », a argué mercredi Avigdor Lieberman. Il a aussi critiqué la décision du gouvernement de permettre le transfert de dollars qataris dans la bande de Gaza principalement pour payer les salaires des fonctionnaires du Hamas.

Benyamin Netanyahou va, lui, tout faire pour préserver sa désormais très faible majorité à la Knesset (61 sièges sur 120) afin de ne pas débuter sa campagne électorale en étant sur la défensive. C’est pourquoi, il pourrait décider de s’approprier le ministère de la Défense jusqu’aux élections. Il détient déjà celui des Affaires étrangères et de la Santé.

Dans une période préélectorale propice à la surenchère, les autres partenaires gouvernementaux se sont toutefois engouffrés dans la brèche. Le ministre de l’Education, Naftali Bennett, le chef du Foyer juif, un parti nationaliste religieux, a adressé un ultimatum mercredi soir en réclamant le portefeuille de la Défense. Sans cette nomination, « le gouvernement (actuel) n’a pas de raison d’être », affirme le communiqué du Foyer juif qui prône une politique beaucoup plus dure contre le Hamas. Le Premier ministre a l’autorité de dissoudre un Parlement hostile. Les électeurs doivent alors être appelés aux urnes dans les 90 jours.

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