« Gilets jaunes » : les 5 questions que vous vous posez avant la mobilisation

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Une grande journée de mobilisation est prévue samedi en France pour protester contre la hausse du prix des carburants. Le JDD fait le point sur ce mouvement de contestation.

Malgré les annonces faites par le gouvernement mercredi, les « gilets jaunes » comptent bien afficher leur mécontentement samedi : les autorités attendent 1.500 actions sur l’ensemble du territoire, dont une centaine seulement a été déclarée. Comment a été lancée la contestation? Où seront les blocages? Que risquent les « gilets jaunes »? Le JDD fait le point sur la mobilisation, alors qu’Edouard Philippe a affirmé vendredi que si « la liberté de manifester sera respectée », « bloquer un pays » n’est « pas acceptable ». La taxe carbone qui pèse notamment sur les carburants augmentera de nouveau de plusieurs centimes d’euros au 1er janvier 2019.

1 – Qui sera dans la rue samedi?

La grogne est partie des réseaux sociaux. Notamment via une page Facebook regroupant des Français prêts à participer au « blocage national contre la hausse du carburant » et une pétition (plus de 850.000 signatures vendredi midi) lancée par Priscillia Ludosky, une habitante de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) âgée de 32 ans. « On ne pense pas aux gens qui sont en périphérie, en province, en zone rurale […]. On leur dit de se déplacer autrement mais la réalité, c’est pas ça. Ils n’ont pas d’autre choix que de payer », explique-t-elle à l’AFP. Dans la foulée, de nombreux groupes locaux se sont organisés sur Internet pour prendre part à cette mobilisation et afficher leur mécontentement.

Depuis, l’opposition à la hausse des prix du carburant, première des revendications des gilets jaunes, s’est élargie à une contestation plus large de la politique du gouvernement et notamment des taxes qui grèvent le pouvoir d’achat.

2 – Et du côté des partis politiques?

C’est la critique émise par ceux qui pourraient être tentés mais ne souhaite pas manifester aux côtés des extrêmes. En effet, Nicolas Dupont-Aignan et le Rassemblement national de Marine Le Pen ont été les premiers à afficher leur sympathie envers le mouvement des « gilets jaunes ».

« Impossible d’imaginer la CGT défiler à côté du Front national », a ainsi résumé le patron syndical Philippe Martinez vendredi sur France Inter. Beaucoup dénoncent la récupération faite par ces partis politiques. « Certains utilisent cet épisode pour prôner des discours haineux », a déclaré dans le JDD le député En marche de l’Isère Olivier Véran, qui appelle les Français à la prudence quant aux revendications des « gilets jaunes ».

A droite, Laurent Wauquiez (Les Républicains), qui dénonce « le racket des automobilistes », soutient le mouvement et défilera en Haute-Loire. A gauche, les avis divergent. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) souhaite « le succès » du mouvement mais n’y participera pas, contrairement à certains de ses collègues. Le PS « sera aux côtés des manifestants pour défendre leur pouvoir d’achat » ; les écologistes, eux, disent entendre « une colère nourrie par un légitime sentiment d’injustice » mais « n’appellent pas à la journée de blocage ».

3 – Qu’est-ce qui va être bloqué?

C’est là que ça se complique. Car si les autorisés s’attendent à 1.500 actions sur l’ensemble du territoire, seule une centaine d’entre elles auraient été déclarées en préfecture, comme la loi l’oblige. A en croire le site « journee.blocage17novembre.com », qui recense tous les appels à la mobilisation contre la hausse du prix des carburants, le pays sera paralysé. Mais, en l’absence d’une coordination nationale des « gilets jaunes », il est difficile d’évaluer l’ampleur des mobilisations.

Trois principales formes de mobilisation sont évoquées dans les appels mis en ligne :

Une opération escargot sur la voie publique.
Le blocage d’un péage d’autoroute ou d’une entrée de grande ville.
Une manifestation à un endroit fixe donné, sans blocage ni volonté de ralentir le trafic.
Sur les réseaux sociaux, certains appellent également, mais de manière isolée, à bloquer tout le week-end l’accès aux supermarchés et aux stations-essence ou encore à manifester samedi devant les lieux de pouvoir. A Paris, si la mobilisation était initialement prévue sur le périphérique, au niveau de la porte de Bercy, il est désormais question de « monter sur l’Elysée ».

Pour faire face à cela et tenter de réagir au mieux, une cellule de suivi sera installée samedi au ministère de l’Intérieur en lien avec celui des Transports, et 30 unités de forces mobiles seront mises à disposition des préfets.

4 – Pourquoi un « gilet jaune »?

C’est le signe de ralliement des manifestants de samedi. Leur signe distinctif en quelque sorte. Depuis plusieurs jours, des « gilets jaunes » fleurissent ici et là sur les pare-brise des voitures. Pratique puisqu’il est obligatoire depuis 2008 d’avoir ce « gilet de haute visibilité » – au même titre que le triangle – dans l’habitacle de son véhicule.

5 – Que risquent les « gilets jaunes »?

« On peut manifester », mais « bloquer un pays » n’est « pas acceptable », a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe vendredi en marge d’un déplacement dans l’Essonne, consacré justement aux mesures d’accompagnement prises par le gouvernement. Mais concrètement, que risque les « gilets jaunes » qui participeront aux blocages samedi?

Il faut distinguer plusieurs éléments :

En cas d’organisation d’une manifestation sur la voie publique sans déclaration, d’organisation d’une manifestation ayant été interdite ou de l’établissement d’une déclaration préalable incomplète ou inexacte, la peine peut aller jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende, comme indiqué que le site service-public.fr.
L’article L-412-1 du Code de la route prévoit que le fait « de placer ou de tenter de placer, sur une voie ouverte à la circulation publique, un objet faisant obstacle au passage des véhicules » est puni de « deux ans d’emprisonnement et 4.500 euros d’amende ». Une suspension du permis de conduire et l’immobilisation du véhicule peuvent également être décidées.
Dissimuler sa plaque d’immatriculation est sanctionné d’une amende forfaitaire de 135 euros (contravention de classe 4 pouvant monter jusqu’à 750 euros).

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