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Au lendemain de la mobilisation qui a réuni près de 290.000 personnes, des manifestants poursuivaient leurs actions dimanche sur environ 150 sites, selon le gouvernement. Barrages filtrants et blocages ont ainsi été observés dans plusieurs régions de France.
La journée n’a rien de comparable à celle de samedi, mais des gilets jaunes poursuivaient leurs actions dimanche, pour protester contre la hausse des taxes sur le carburant et la baisse du pouvoir d’achat. « Quelques points de réinstallation ont été constatés dans la matinée », a confirmé à l’AFP une source policière. Samedi, près de 290.000 personnes avaient manifesté sur 2.034 sites à travers la France. Et sur environ 150 sites, les manifestants ont appelé à reconduire le mouvement dimanche, a indiqué le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Des blocages mais surtout des barrages filtrants ont ainsi été observés dans plusieurs régions de France. « Des mouvements (…) se sont intensifiés sur le réseau Vinci autoroutes et aux abords des accès autoroutiers », a indiqué l’opérateur dans un point de situation en début d’après-midi, appelant les automobilistes à la « prudence ». Outre les axes autoroutiers, plusieurs abords de zones commerciales ont été bloqués. Le groupe Auchan évoque ainsi une vingtaine de sites touchés.
Un manifestant grièvement blessé dans l’Aisne
A noter qu’un manifestant a été grièvement blessé dimanche près de Saint-Quentin, dans l’Aisne, lorsqu’un automobiliste a forcé un barrage de « gilets jaunes », a-t-on appris de sources concordantes. L’un des « gilets jaunes » n’a pas eu le temps de s’écarter et a été traîné sur une quinzaine de mètres, a précisé un témoin à l’AFP. Atteint notamment à la tête, la victime a été hospitalisée dans un état grave mais ses jours ne sont pas en danger, selon la gendarmerie. L’automobiliste a pris la fuite et est activement recherché.
Parmi les actions menées :
A Caen, les forces de l’ordre sont intervenues dimanche pour lever des points de blocage installés par des manifestants sur le périphérique de la ville. Vers 16h30, devant l’arrivée d’un groupe de manifestants formant un bloc assez compact, les forces de l’ordre ont usé de gaz lacrymogène pour les disperser. La plupart ont rebroussé chemin et les gendarmes ont aussi essuyé quelques jets de bouteilles. Le périphérique sud de la ville demeurait fermé dimanche soir.
Des « gilets jaunes » ont lancé en milieu de matinée une opération parking gratuit à Eurodisney, en Seine-et-Marne. « Nous on veut prolonger le mouvement aujourd’hui, demain. On est plusieurs à avoir posé une semaine de vacances pour continuer », a déclaré à l’AFP Arnaud, 47 ans, fonctionnaire territorial.
Dans le Sud-est, les « gilets jaunes » ont perturbé la circulation dans plusieurs zones, notamment le Var et le Vaucluse. A l’entrée de Cavaillon (Vaucluse), quelques dizaines de gilets jaunes filtraient les voitures dimanche midi, a constaté l’AFP. Les manifestants ont déployé un drapeau français et chanté la Marseillaise. Une dizaine de barrages ont été recensés dans ce département, rendant notamment impossible l’entrée sur l’A7 à Avignon nord et sur l’A7 et l’A9 à Orange et Bollène.
Des barrages filtrants ont par ailleurs été repérés à Montélimar (Drôme), Chalon-sur-Sâone (Saône-et-Loire) et en Haute-Loire.
En Nouvelle-Aquitaine, des barrages filtrants ont été installés sur de grands axes routiers, comme sur le Pont d’Aquitaine.
Dans les Pyrénées orientales, des actions se poursuivent au péage du Boulou sur l’A9, dernier péage avant l’Espagne.
A Rennes, pour assurer la sécurité de manifestants restés sur le périphérique, la préfecture avait annoncé samedi soir la fermeture partielle de la rocade. Ils étaient toujours présents dimanche matin, mais en nombre réduit.
Une nuit « agitée »
Auparavant, la nuit a été « agitée sur certains sites », avec quelque 3.500 personnes restées mobilisées « sur 87 lieux différents », avait rapporté le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. « Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations, nous devons maintenant continuer à répondre aux attentes des Français y compris en termes de pouvoir d’achat », avait martelé samedi le ministre de l’Intérieur, tentant de conjuguer le « en même temps » : à la fois écouter et rester ferme.
Ni Edouard Philippe, qui avait annoncé mercredi des mesures d’accompagnement aux ménages, ni Emmanuel Macron, en déplacement dimanche à Berlin et dont la cote est au plus bas, ne se sont exprimés, laissant Christophe Castaner monter au front.
Pour Rugy, il n’y a « peut-être pas assez de contacts directs des membres du gouvernement » avec les Français
De son côté, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a indiqué dimanche au Parisien que le gouvernement poursuivrait « la trajectoire prévue » en matière de fiscalité écologique. « Il faut faire beaucoup de pédagogie » et il n’y a « peut-être pas assez de contacts directs des membres du gouvernement » avec les Français, a-t-il reconnu lors du Grand Rendez-vous Europe 1-CNews-Les Echos. Selon un sondage publié par le JDD, 62% des Français jugent qu’il faut « donner la priorité au pouvoir d’achat quitte à aller moins rapidement sur la transition énergétique » dans les prochaines années.
Restée silencieuse dimanche contrairement à d’autres opposants, Marine Le Pen, qui n’avait pas participé à la mobilisation de samedi, a salué dimanche lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI le « très grand succès » des gilets jaunes, « même si le ministre de l’Intérieur cherche à minimiser cette manifestation », a précisé la présidente du Rassemblement national.
Si les manifestants n’ont pas réussi à paralyser la France, tout le territoire a été touché par leurs actions, organisées en dehors des partis et des syndicats. Mais le bilan humain est lourd avec un mort, une manifestante de 63 ans percutée par une conductrice, et plus de 400 blessés – dont 14 gravement y compris parmi les forces de l’ordre – et les dégradations ont été nombreuses. 282 personnes ont été interpellées.