Les « gilets jaunes » poursuivaient lundi les opérations de blocage pour la troisième journée consécutive, ciblant principalement des autoroutes mais aussi des dépôts pétroliers. Le ministère de l’Intérieur a dénombré environ 27.000 manifestants en 350 endroits. « Nous comptons à ce jour 528 blessés, dont 17 graves », a ajouté le ministre Christophe Castaner.
Certes, ils étaient moins nombreux que dimanche, mais les « gilets jaunes » encore mobilisés lundi ont voulu montrer leur détermination. Selon les chiffres annoncés lundi soir par le ministère de l’Intérieur Christophe Castaner, environ 27.000 personnes étaient encore sur le bitume en 350 endroits pour la troisième journée consécutive du mouvement. « Plus inquiétant, nous comptons à ce jour 528 blessés, dont 17 graves, a ajouté le ministre lors d’un point presse. Parmi les forces de l’ordre, il y a eu 92 blessés, dont 2 graves. » Christophe Castaner a décrit la situation « inquiétante » d’un motard qui, dans la Drôme, avait remonté une route à contre-sens avant d’être percuté par un camion.
« Il est ce [lundi] soir toujours entre la vie et la mort », a précisé le ministre, avant d’évoquer le cas d’une personne âgée, morte dans l’ambulance qui l’emmenait aux urgence et qui s’est trouvée bloquée dans un bouchon provoqué par un barrage des « gilets jaunes ».
Des gaz lacrymogènes utilisés à Lisieux, le conseil régional de La Réunion envahi
Lundi, les actions des « gilets jaunes » étaient plus ciblées, avec des blocages de péages autoroutiers, de dépôts pétroliers et d’entrées de supermarchés. A Lisieux (Calvados), à l’entrée de la principale zone commerciale de la ville, des forces de l’ordre ont dû utiliser, après sommation, des gaz lacrymogènes pour déloger près de 150 « gilets jaunes » qui bloquaient 200 poids lourds.
Autre point chaud, le Pont d’Aquitaine, qui permet de traverse la Garonne à la hauteur de Bordeaux. Les manifestants y avaient installé un barrage filtrant, jouant au chat et à la souris toute la journée avec les forces de l’ordre. Ils ont été définitivement délogés en fin de journée. « On tiendra bon, on va encore revenir à la charge », assurait à l’AFP un manifestant.
Plusieurs dépôts pétroliers sont par ailleurs désormais ciblés, notamment à Port-la-Nouvelle (Aude), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Frontignan (Hérault), Portes-lès-Valence (Drôme) et Valenciennes (Nord). Des blocages confirmés par le groupe Total. Des opérations escargot ont par ailleurs été recensés dans toute la France, particulièrement en Normandie, dans les Pays-de-la-Loire, dans la région Grand-Est, dans le Tarn ou encore la Drôme. A La Réunion, après une nuit émaillée de violences, l’ambiance restait tendue avec 31 barrages installés. A la mi-journée, les forces de l’ordre ont dû intervenir au siège du conseil régional de l’île, alors envahi par 150 manifestants.
Des organisations patronales ont mis en garde contre « un blocage de l’économie ». Quelque 680 tonnes de clémentines corses étaient bloquées lundi dans des camions en région PACA par le mouvement des gilets jaunes, entraînant l’arrêt de la récolte dans l’île de Beauté, a par exemple indiqué à l’AFP Simon-Pierre Fazi, président de l’AOP Fruits de Corse.
Première condamnation judiciaire
Droite et gauche ont critiqué de leur côté un exécutif inflexible après les propos du Premier ministre la veille assurant qu’il tiendrait « le cap », tout en affirmant avoir entendu la « colère » et la « souffrance » des manifestants. Mais trois jours après le début de ce mouvement inédit, le ton se durcit : en Haute-Saône, le blocage des routes « sera désormais sanctionné », a annoncé lundi le procureur de la République à Vesoul.
Les premières procédures judiciaires ont d’ailleurs déjà abouties. Un « gilet jaune » a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Strasbourg à quatre mois de prison ferme pour mise en danger de la vie d’autrui et entrave à la circulation. Ce soudeur de 32 ans était poursuivi pour avoir formé samedi une chaîne humaine sur l’autoroute A35 à Strasbourg et traversé le terre-plein central avec quatre autres « gilets jaunes ».
Un autre homme a, lui, été mis en examen pour « violences avec armes ayant entraîné une ITT de plus de huit jours » après avoir blessé un « gilet jaune » samedi à Arras. Ce jeune conducteur « a avancé et a paniqué car il avait un problème personnel qui justifiait qu’il se déplace », a expliqué le parquet d’Arras, confirmant une information de France 3. « Il y a une ouverture judiciaire pour déterminer dans quelles mesures il a avancé au contact », a ajouté cette source, soulignant qu’il n’y avait ni témoignage ni vidéo de la scène. La personne blessée souffre d’une double fracture ouverte du tibia, d’après la même source.
Au cours du week-end, endeuillé par la mort d’une femme « gilet jaune » percutée par une automobiliste, 183 personnes ont été placées en garde à vue, 511 ont été blessées dont 17 grièvement.