Attentat de Strasbourg : la traque se poursuit pour retrouver Cherif Chekatt

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La police nationale a diffusé mercredi soir un appel à témoins pour retrouver Cherif Chekatt, l’auteur présumé de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg qui a fait la veille au moins 2 morts. L’homme, fiché S, est un individu radicalisé au lourd passé judiciaire.

Vingt-quatre heures après l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui a fait au moins deux morts, son auteur présumé est toujours en fuite. Cherif Chekatt fait désormais l’objet d’un appel à témoins, diffusé mercredi soir par la police nationale, photo d’identité à l’appui. On y voit le suspect de 29 ans, yeux foncés, cheveux noirs, sourcils épais et courte barbe. « Individu dangereux, surtout n’intervenez pas vous-même », met en garde la police sur son compte Twitter, décrivant par ailleurs un individu de 1,80 m, de « corpulence normale » et appelant toute personne en possession « d’informations permettant de le localiser » à composer le 197.

720 membres des forces de l’ordre actuellement à sa recherche

Quelque 720 policiers et gendarmes étaient mobilisés mercredi pour retrouver ce Strasbourgeois. Emmanuel Macron a par ailleurs décidé « d’accroître la mobilisation des militaires » dans le cadre de cette opération a annoncé le Premier ministre Edouard Philippe mercredi. « Ce sont 500 militaires qui, dès aujourd’hui, sont venus compléter le dispositif » Sentinelle et « 1.300 qui, dans les jours qui viennent, viendront s’ajouter à ceux déjà mobilisés » pour assurer « la sécurisation » des sites et « garantir la sécurité des Français », a déclaré Edouard Philippe lors d’une brève allocution au ministère de l’Intérieur.

Le parcours de Cherif Chekatt, lui, se précise, au gré des informations livrées par les autorités. Né à Strasbourg en 1989, il est fiché « S » (pour sûreté de l’État) par les services antiterroristes, après un passage en prison de 2013 à 2015 au cours duquel il a attiré l’attention des services de renseignement pour des violences, pour la radicalisation de sa pratique religieuse et son prosélytisme. Il était suivi pour cela depuis sa sortie de prison.

67 antécédents judiciaires, dont 27 condamnations

« Dès l’âge de 10 ans il avait un comportement qui relevait déjà du pénal. Il a eu ses premières condamnations à 13 ans. Il a fait l’objet de 67 inscriptions pour diverses interventions et comportements qui systématiquement étaient marqués par la violence », a précisé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner mercredi lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Au total, cet homme compte 27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse pour des faits de droit commun. Sur son parcours carcéral, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a indiqué sur Public Sénat qu’il avait « effectué en France deux peines de prison de deux ans chacune, qu’il avait purgées ». « Il est sorti (de prison) il y a trois ans, de sa dernière condamnation », a-t-elle ajouté.

Avant l’attaque de mardi, le fuyard était recherché dans une affaire de vol à main armée avec « sa bande de malfrats », « qui aurait mal tourné » au mois d’août, avec une tentative d’homicide, selon une source proche. Il devait pour cette affaire être interpellé tôt mardi matin par les gendarmes et les fonctionnaires de la DGSI mais l’homme n’était pas chez lui. Une grenade et un pistolet ont alors été retrouvés à son domicile. Et au vu de ces éléments « qui ont pu inquiéter », des forces ontété mobilisées pour tenter de l’intercepter, a ajouté Christophe Castaner. « Puis à 19h47 il est apparu (…) en plein coeur de Strasbourg et du marché de Noël ». L’homme a alors « semé la terreur », selon les mots du ministre, en tirant au pistolet automatique sur plusieurs personnes, peu avant 20h.

Radicalisé, mais « rien ne permettait de détecter un passage à l’acte »
Selon le colonel Patrik Steiger, porte-parole de l’état-major des armées, une patrouille de l’opération Sentinelle, « alertée par les tirs », s’est dirigée vers la place Kléber et « est tombée dans une rue adjacente, nez à nez ou presque, avec l’assaillant ». « Pris à partie par l’assaillant, les deux soldats de tête ont riposté, ce qui a provoqué sa fuite ». Cherif Chekatt a alors été blessé. « Trois personnes, des citoyens, ont tenté de l’interpeller. L’une d’elles a été blessée à coups de couteau », a également déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, parlant de « héros ». Dans des circonstances encore floues, l’assaillant a réussi à prendre un taxi pour se rendre dans le quartier du Neudorf, où a eu lieu un nouvel échange de tirs avec la police, avant qu’il ne disparaisse.

Les autorités ont pensé un moment qu’il pouvait avoir passé la frontière et s’être réfugié à Kehl, juste de l’autre côté du Rhin, mais une intervention des polices française et allemande n’ont pas permis de retrouver sa trace. En Allemagne mercredi, les autorités allemandes ont renforcé leurs contrôles le long du Rhin. La Suisse a procédé de même.

Des témoins ont entendu le suspect « crier Allahou Akbar » au moment de son attaque mardi soir, a indiqué mercredi le procureur de Paris, Rémy Heitz. Au regard de ces témoignages, « du lieu ciblé, du mode opératoire employé par l’assaillant et de son profil », la section antiterroriste du parquet de Paris s’est ainsi saisie des faits, a précisé le chef du parquet antiterroriste lors d’une conférence de presse à Strasbourg. Quand il était en prison, l’homme « incitait à la pratique de la religion sous une forme radicale, mais rien ne permettait de détecter un passage à l’acte dans sa vie courante », a-t-il ajouté. Ce « radicalisé » n’a « jamais été connu pour des délits liés au terrorisme », a insisté pour sa part le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez sur France Inter, démentant qu’il ait essayé de se rendre en Syrie.

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