Voyage d’affaires au Tchad : retour sur la controverse entre Benalla et l’Elysée en 3 actes

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L’ancien collaborateur de l’Elysée Alexandre Benalla s’est rendu au Tchad début décembre pour un voyage d’affaires. Une visite qui a fait tiquer à l’Elysée. Alexandre Benalla, lui, dénonce des « propos diffamatoires » de « certaines personnes » au Château.

La tension monte entre l’Elysée et Alexandre Benalla. Lundi, le journal Le Monde expliquait qu’Alexandre Benalla s’était rendu début décembre au Tchad pour un voyage d’affaires, trois semaines avant la visite d’Emmanuel Macron dans le pays. Le quotidien affirmait également que le chef de l’Etat français a évoqué le sujet avec le président tchadien lors de sa visite le 22 décembre pour lui indiquer qu’Alexandre Benalla « n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel » de la présidence française. Mercredi, Alexandre Benalla a répliqué en dénonçant des « propos diffamatoires » de « certaines personnes » à l’Elysée, dans un communiqué transmis à l’AFP.

1- Le Monde affirme que « l’Elysée [est] embarrassé par les voyages d’affaires d’Alexandre Benalla au Tchad »
Lundi 24 décembre, le journal Le Monde affirme, dans un article signé par la journaliste Ariane Chemin, qu’Alexandre Benalla s’est rendu au Tchad début décembre pour un court séjour à N’Djamena. Il était accompagné « d’une demi-douzaine de personnes, par avion privé, réglant les frais par carte bleue », affirme une des sources citées par le quotidien. Il aurait également rencontré le frère du président tchadien, Oumar Déby.

Cette visite a fait l’objet d’une discussion entre Emmanuel Macron et Idriss Déby lors de la visite au Tchad du président français juste avant Noël. « Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel, a indiqué l’Elysée au Monde. Seuls le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le conseiller diplomatique du président, Philippe Etienne, et Franck Paris, son conseiller Afrique, peuvent se prévaloir du chef de l’Etat » sur le terrain africain. La présidence précise également qu’Emmanuel Macron « veut absolument rompre avec la République des intermédiaires, notamment en Afrique ».

2 – Benalla « n’est pas un émissaire officiel ou officieux » de la présidence, affirme l’Élysée
L’Elysée insiste mardi auprès de l’AFP sur le fait qu’Alexandre Benalla n’était « pas un émissaire officiel ou officieux » de la présidence. « Quelles que soient les démarches qu’entreprend M. Benalla, il n’est pas un émissaire officiel ou officieux de la présidence de la République. S’il se présentait comme tel, il est dans le faux », déclare l’Elysée à l’AFP. « Nous n’avons jamais d’intermédiaires dans les relations que nous entretenons avec les chefs d’Etat africains. Si le président de la République donne un mandat, c’est soit à son ministre des Affaires étrangères, soit à sa cellule diplomatique », explique l’entourage d’Emmanuel Macron.

Si aucune démarche spécifique n’a été entreprise par l’Elysée pour vérifier la véracité de ce voyage en Afrique, « il y a déjà une enquête interne (ouverte lors de l’affaire de la Contrescarpe, NDLR) qui pourrait vérifier que M. Benalla n’aurait pas eu des démarches de ce type-là, c’est-à-dire démarchage commercial, avant son départ de l’Elysée », a rappelé la présidence de la République.

L’entourage d’Alexandre Benalla explique quant à lui que l’ex-chargé de mission était « au Tchad avec une délégation économique de six personnes étrangères qui vont faire 250 millions d’euros d’investissements ». « Ça n’a rien à voir avec Emmanuel Macron, rien à voir avec l’Elysée, rien à voir avec la présidence de la République ». Il a d’ailleurs rencontré « Idriss Deby lui même, durant deux heures, contrairement à ce qui a été écrit » dans la presse, poursuit cette source.

En outre, Alexandre Benalla dément s’être présenté comme un émissaire de la présidence et juge « surréaliste » de le suggérer « et la réaction de l’Elysée », précise son entourage à l’AFP. Son avocate Jacqueline Laffont s’en prend particulièrement au journal Le Monde, estimant qu’il a eu des « propos tendancieux […] insinuant faussement qu’il se serait indûment prévalu lors d’un déplacement au Tchad d’une mission confiée par la Présidence de la République ».

3 – Benalla dénonce des « propos diffamatoires » de « certaines personnes » à l’Elysée
Alexandre Benalla transmet un communiqué mercredi à l’AFP pour dénoncer des « propos diffamatoires » de « certaines personnes » à l’Elysée. « Je ne peux pas accepter de tels propos prononcés par certaines personnes de l’entourage du président de la République », a déploré Alexandre Benalla, qualifiant ces propos de « diffamatoires », « calomnieux » et « irresponsables ».

« Je suis allé au Tchad, accompagnant une délégation économique étrangère dans le cadre d’investissements », a-t-il expliqué, assurant que « l’ensemble des frais concernant ce voyage a été pris en charge par le chef de cette délégation ». Convaincu que « le but ultime » de ces dernières informations « est de saccager (ses) vies familiale et professionnelle », « de (lui) nuire », Alexandra Benalla a prévenu qu’il « ne (se) tairait plus » et compte « charger (ses) avocats de saisir le procureur de la République » à la suite de ces dernières révélations. Il estime également, selon son entourage, que « le traitement médiatique » dont il est l’objet depuis est « injuste ».

En réponse aux déclarations d’Alexandre Benalla, l’Elysée a précisé mercredi à l’AFP que l’ex-chargé de mission n’avait pas informé la présidence de son déplacement au Tchad avant de s’y rendre début décembre, mais a seulement prévenu le Château « de manière récente la semaine dernière ».

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