L’ancienne ministre Chantal Jouanno a annoncé mardi soir qu’elle se « retirait » du grand débat national qu’elle était censée organiser en tant que présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP). Une décision prise suite à la polémique liée au niveau de son salaire, qui est de 14.666 euros bruts mensuels.
Les « conditions de sérénité nécessaires pour ce débat » n’étaient à ses yeux plus assurées. Aussi, Chantal Jouanno a décidé mardi soir ne plus être en charge de l’organisation du « grand débat national », au lendemain de la polémique liée au montant de son salaire comme présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP). « J’ai décidé de me retirer du pilotage de ce débat » qui est censé répondre à la colère des Gilets jaunes, a déclaré l’ancienne ministre au journal de France 2, passée par l’UMP puis par l’UDI. « C’est une décision que j’ai prise parce que je crois en ce débat (…) plus que nécessaire », a poursuivi celle qui détaillait dimanche dans le JDD les contours de sa mission.
« Le gouvernement prend acte de la décision de Chantal Jouanno et proposera à l’issue du séminaire gouvernemental (mercredi, NDLR) une organisation et un mode de pilotage du ‘Grand débat national’ qui présenteront des garanties équivalentes en termes d’indépendance et de neutralité », a réagi ensuite auprès de l’AFP Matignon.
Jouanno s’en remet désormais à Macron pour arbitrer le montant de son salaire
Chantal Jouanno a précisé en revanche qu’elle ne quittait pas la présidence de la CNDP. « Ceci dit, je remets dans les mains du président de la République et du gouvernement en général, le niveau de rémunération de la présidente de la CNDP qu’il leur appartiendra d’arbitrer, comme les autres rémunérations des autorités indépendantes et des hauts fonctionnaires », a-t-elle poursuivi.
Pour l’ancienne sénatrice, les débats nés sur ses 14.666 euros bruts mensuels étaient « légitimes ». La Lettre A avait révélé le montant de cette rémunération lundi, qui se trouve être quasi-équivalente à celui du président de la République ou du Premier ministre, qui touchent chacun 15.140 euros bruts par mois. Pour son poste en 2018, Chantal Jouanno a ainsi reçu 172.425 euros bruts, précisaient les rapports annexes à la loi de Finances 2019, soit 10% de plus que son prédécesseur.
Lundi, Jouanno proposait de faire de son salaire un sujet du « grand débat »
L’ex-karatéka et ministre des Sports de Nicolas Sarkozy avait depuis été prise à partie par certains Gilets jaunes et une partie de l’opposition, qu’il s’agisse de la France insoumise, du Rassemblement national ou des Républicains. « C’est le salaire fixé par les autorités pour les présidents de la CNDP, quels qu’ils soient », avait déjà justifié lundi Chantal Jouanno au micro de franceinfo. « Cela ne dépend pas de moi et ça n’est pas lié au grand débat national », avait-elle précisé. « Je comprends (que ça puisse choquer) et je pense que c’est important aussi que les gens disent pourquoi ça les choque, en quoi ça pose problème, et à la limite, s’ils veulent faire une proposition pour réviser ce salaire, ils en sont totalement libres », avait ajouté l’ancienne élue centriste en invitant à mettre ce sujet au programme du « grand débat ».
Le ministre de la Transition écologique François de Rugy avait pris sa défense, mardi. « A un moment donné, il va quand même falloir qu’on reprenne le sens de la mesure. Il y a des joueurs de foot qui gagnent un million d’euros par mois et ça ne choque personne », a-t-il réagi sur Europe 1. « Si on considère qu’exercer des responsabilités politiques, c’est quelque chose qui ne doit pas être rémunéré ou qui doit être rémunéré simplement au salaire minimum, eh bien ça veut dire qu’on considère qu’il n’y a plus d’échelle de valeurs dans les responsabilités », a estimé le ministre, qui n’est « pas pour que tout le monde gagne pareil partout ».