Alexandre Benalla, placé en garde à vue jeudi matin, a été mis en examen vendredi dans l’enquête ouverte après des révélations sur son usage de passeports diplomatiques. Pour l’heure, il n’est pas poursuivi pour les accusations de faux, a précisé son avocate Jacqueline Laffont.
Alexandre Benalla est ressorti du bureau du juge d’instruction vendredi avec une nouvelle mise en examen, cette fois dans l’enquête sur ses passeports diplomatiques. Placé en garde à vue jeudi matin, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron était entendu après des révélations du Monde puis de Mediapart sur ses voyages d’affaires, notamment en Afrique, et l’usage de ces documents depuis son limogeage de l’Élysée cet été. Déjà mis en examen dans le volet portant sur sa présence lors de la manifestation du 1er mai, notamment pour « violences en réunion », le jeune homme de 27 ans l’a cette fois été « exclusivement » pour « usage public et sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle », a précisé son avocate vendredi soir.
Selon Me Jacqueline Laffont, n’est en revanche pas poursuivi à ce stade pour les accusations de faux documents administratifs formulées par le directeur de cabinet de l’Elysée devant la commission d’enquête du Sénat. Alexandre Benalla comparaissait devant un juge d’instruction saisi par le parquet d’une information judiciaire ouverte également pour « abus de confiance », « faux et usage de faux document administratif » et « obtention indue de document administratif ». Pour ces trois qualifications, plus lourdes, « il a été laissé sous le statut de témoin assisté », intermédiaire entre le simple témoin et la mise en examen, a ajouté Me Laffont. « Donc nous sommes très très contents ce soir », a-t-elle conclu devant la presse au tribunal de Paris.
Les accusations du directeur de cabinet « jugées insuffisantes », selon l’avocate de Benalla
Les magistrats instructeur vont désormais poursuivre les investigations préliminaires et peuvent décider de le mettre en examen ultérieurement s’ils réunissent des indices graves et concordants. « Les accusations portées par M. Stzroda devant la commission du Sénat ont été jugées insuffisantes », a également déclaré l’avocate. Devant les sénateurs, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, avait affirmé mercredi que la demande d’un second passeport de service avait été faite par Alexandre Benalla au ministère de l’Intérieur grâce à une lettre à en-tête du chef de cabinet de l’Élysée, mais « dactylographiée » et non signée.
En clair, « nous soupçonnons une falsification faite par M. Benalla », avait déclaré Patrick Strzoda, révélant avoir saisi le parquet de Paris. Celui-ci avait le jour-même étendu à ces nouveaux faits son enquête préliminaire sur le mésusage des passeports. Le haut fonctionnaire avait aussi révélé qu’Alexandre Benalla avait utilisé « presque une vingtaine de fois » ses passeports diplomatiques après son licenciement, entre le 1er août et le 31 décembre. Le parquet de Paris avait requis le placement sous contrôle judiciaire de l’ancien homme-clé du dispositif de sécurité de l’Elysée.
Alexandre Benalla doit encore être entendu par la commission d’enquête du Sénat lundi, où se reposera la question de la limite du champ d’investigation des sénateurs compte tenu de l’enquête judiciaire en cours.