Les Etats-Unis ont encore fait monter la pression sur le président vénézuélien Nicolas Maduro, en visant cette fois la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA.
Les Etats-Unis de Donald Trump, en annonçant lundi des sanctions contre la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne, ont accentué la pression sur le régime de Nicolas Maduro, qui compte de son côté engager des poursuites contre Washington. Cinq jours après avoir reconnu le chef du Parlement Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela, pays plongé dans une grave crise faisant redouter une spirale de violence, la Maison-Blanche s’est attaquée à la compagnie pétrolière PDVSA, accusée d’être « un véhicule de corruption ».
Selon le Trésor américain, ces sanctions, qui interdisent à PDVSA de faire du commerce avec des entités américaines et gèlent ses avoirs à l’étranger, ont pour objectif d’empêcher « le détournement de davantage de ressources » par Nicolas Maduro. Les raffineries de Citgo, filiale de PDVSA aux Etats-Unis, pourront continuer à fonctionner, les transactions financières passant par un compte bloqué, a précisé le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
Juan Guaido a annoncé lundi prendre le contrôle des actifs du Venezuela à l’étranger
Nicolas Maduro a répliqué lundi à la télévision d’Etat vénézuélienne, en déclarant avoir « donné des instructions précises au président de PDVSA pour engager les actions politiques, légales, devant les tribunaux américains et du monde, pour défendre la propriété et la richesse de Citgo ».
« Les Etats-Unis ont décidé aujourd’hui de prendre le chemin de voler l’entreprise Citgo au Venezuela, c’est un chemin illégal », a-t-il encore dénoncé lors d’une cérémonie pour accueillir les diplomates vénézuéliens de retour au pays après la rupture des relations diplomatiques entre Caracas et Washington.
Parallèlement, Juan Guaido a annoncé lundi prendre le contrôle des actifs du Venezuela à l’étranger, afin d’éviter que Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, ne les dilapide dans le cas où il quitterait la présidence. « Nous commençons la prise de contrôle progressive et ordonnée des actifs de notre République à l’étranger, pour empêcher qu’au moment de sa sortie […] l’usurpateur et sa bande cherchent à ‘gratter les fonds de tiroir' », a-t-il affirmé.
Juan Guaido appelle à défiler à nouveau mercredi
John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, a de son côté exhorté l’armée vénézuélienne et les forces de sécurité à accepter la transition « pacifique, démocratique et constitutionnelle » du pouvoir. Il a une nouvelle fois appelé lundi « tous les pays responsables » à reconnaître immédiatement Juan Guaido comme président par intérim. Interrogé sur une possible intervention militaire américaine, il a réaffirmé, comme l’avait fait Donald Trump, que « toutes les options » étaient sur la table. L’examen de photos de ce point de presse ont suscité la perplexité. En haut du bloc-notes jaune que John Bolton tenait à la main, on pouvait lire cette ligne manuscrite : « 5.000 soldats en Colombie ».
Le Venezuela, pays pétrolier ruiné après avoir été le plus riche d’Amérique latine, est au centre de l’échiquier diplomatique international : du côté de Juan Guaido se rangent notamment les Etats-Unis, une grande partie de l’Europe et de l’Amérique latine, tandis que Nicolas Maduro est soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba.
Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné à Nicolas Maduro jusqu’à dimanche pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président. Jusqu’à présent, Nicolas Maduro se montre inflexible et rejette l’ultimatum des Européens.
L’opposant Juan Guaido appelle à défiler à nouveau mercredi, « pour exiger des forces armées qu’elles se mettent du côté du peuple », puis samedi, « pour accompagner le soutien de l’Union européenne et l’ultimatum ».