Emmanuel Macron a reproché jeudi aux partenaires sociaux de se défausser sur l’Etat, au lendemain de l’échec des négociations sur une réforme de l’assurance chômage. La CFDT comme le Medef lui ont répondu.
L’exécutif va reprendre la main sur l’assurance chômage et cela ennuie Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a critiqué jeudi les partenaires sociaux pour n’être pas parvenus à tomber d’accord la veille sur un accord autour de cette réforme, après trois mois et demi de négociation. Une situation qui risque d’acter la fin du paritarisme, ce que le Président regrette. « On vient d’avoir un exemple de vraie négociation sociale », a ainsi commenté amèrement Emmanuel Macron devant les présidents de départements réunis à l’Elysée.
En creux, le président de la République reproche aux syndicats et au patronat un manque de responsabilité et de se défausser sur l’Etat. « On a dit aux partenaires sociaux : ‘Trouvez-nous une solution pour le chômage, vous êtes autour de la table, vous êtes responsables’ alors même que les syndicats ne financent plus le chômage, c’est le contribuable », a-t-il dit. « Comme c’est difficile, ils ont rendu hier au gouvernement la copie », a-t-il ensuite déclaré. « On est dans un drôle de système! Chaque jour dans le pays, on dit ‘corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire’. Et quand on donne la main, on dit ‘mon bon monsieur, c’est dur, reprenez-la’. Et le gouvernement va devoir la reprendre, car on ne peut pas avoir un déficit cumulé sur le chômage comme on a depuis tant d’années », a-t-il lancé.
La CFDT de Laurent Berger accuse Macron de rechercher « des boucs émissaires »
Cette déclaration n’a guère été appréciée par les intéressés. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dit à Emmanuel Macron sur Twitter : « Et si la démocratie ne passait pas par des petites phrases polémiques ou médias interposés? Nul doute qu’elle fonctionnerait mieux dans notre pays. »
« La démocratie sociale a souvent prouvé son efficacité et sa responsabilité lorsqu’elle n’est pas soumise à des lettres de cadrage impossibles, menant sciemment une négo dans l’impasse », a poursuivi Laurent Berger sur le réseau social. « Rechercher des boucs émissaires peut être tentant à court terme mais contre-productif pour l’avenir », a-t-il ajouté.
De même, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a dit son désaccord avec Emmanuel Macron. « Le gouvernement n’a pas donné la main aux partenaires sociaux, il leur a dit de négocier en indiquant publiquement les résultats de la négociation à l’avance y compris pendant la négociation », a-t-il reproché à son tour.
Les négociations entre partenaires sociaux ont buté sur le refus patronal d’un bonus-malus pour décourager les entreprises de recourir aux contrats courts. Le patronat, qui s’était agacé contre Emmanuel Macron d’avoir présenté sa préférence au cours de la négociation, a par ailleurs déploré le refus des syndicats de discuter des économies demandées par le gouvernement, au minimum un milliard d’euros par an.
La critique du président aux partenaires sociaux s’inscrivait dans une réponse plus globale aux présidents de départements. Après avoir écouté leurs revendications pendant quatre heures et demi, il leur a reproché globalement leurs « appels de compétences et refus de responsabilité ».