Edouard Philippe a annoncé une série de mesures pour faire face aux violences qui se sont déroulées samedi dernier, lors de l’acte 18 des Gilets jaunes. Le Premier ministre prévoit notamment d’interdire les manifestations dans plusieurs quartiers, dont les Champs-Elysées, en cas de présence annoncée « d’éléments ultras » dans le cortège.
Le gouvernement a réagi aux importantes violences commises samedi à Paris en marge de l’acte 18 des Gilets jaunes. Lors d’une courte prise de parole, ce lundi après-midi depuis Matignon, Edouard Philippe a annoncé plusieurs mesures sécuritaires. La principale annonce est l’interdiction des manifestations se revendiquant des Gilets jaunes dans plusieurs quartiers, dont les Champs-Elysées, en cas de présence « d’éléments ultras ». Les quartiers de la place du Capitole à Toulouse ou la place Pey-Berland à Bordeaux sont également concernés. Dans ces quartiers, la police procédera à « la dispersion immédiate de tous les attroupements ».
« Nous interdirons les manifestations se revendiquant des gilets jaunes dans les quartiers qui ont été les plus touchés dès lors que nous aurons connaissance de la présence d’éléments ‘ultras’ et de leur volonté de casser », a-t-il précisément déclaré, assurant que le « droit de manifester » serait « protégé ».
Le préfet de police de Paris remplacé
Le Premier ministre a regretté que la stratégie décidée par l’exécutif depuis le 1er décembre pour contenir les manifestations des Gilets jaunes n’ait pas été appliquée samedi dernier lors de l’acte 18. « Les polémiques sur les LBD ont conduit à des consignes inappropriées pour réduire leur usage. (…) La mobilité des forces de l’ordre a manqué », a-t-il constaté. « Ce n’était pas une consigne du gouvernement », a ajouté Edouard Philippe lors du 20h de France 2. Il a précisé que la démission du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner n’avait pas été envisagée.
Au contraire, le préfet de police de Paris Michel Delpuech va être remplacé par Didier Lallement, ancien secrétaire général du ministère de l’Intérieur et actuel préfet de Nouvelle Aquitaine. Sa nomination sera officialisée mercredi lors du conseil des ministres.
Drones, vidéos, loi anti-casseurs
D’autres mesures ont également été décidées. Edouard Philippe a ainsi annoncé que de nouveaux moyens comme les drones, les produits marquants ou la vidéo allaient être utilisés pour mieux contenir les débordements. Plus d’officiers de police judiciaires seront aussi mobilisés au plus près des unités de terrain. Ces dernières bénéficieront d’une plus grande autonomie et des unités anticasseurs pourront disperser et interpeller dès les premiers troubles.
Il a aussi vanté les mérites de la loi anti-casseurs et a promis que ses dispositions seraient immédiatement appliquées, dès le texte publié. « Samedi, l’application de cette loi nous aurait considérablement aidé », a encore justifié Edouard Philippe sur France 2.
Participer à une manifestation interdite va coûter plus cher
Par ailleurs, Edouard Philippe a demandé à sa ministre de la Justice Nicole Belloubet d’augmenter de façon « très nette » l’amende pour participation à une manifestation interdite. Les amendes, actuellement de 38 euros, passeraient à 135 euros, selon Matignon. Il a indiqué avoir donné des instructions pour que les éventuels appels à la violence émanant de « personnalités » du mouvement soient systématiquement signalées à la justice par le ministère de l’Intérieur.
Il a d’ailleurs lancé un message global aux Gilets jaunes : « Tous ceux qui participent, encouragent ou protègent les casseurs devront prendre leur responsabilité. Les manifestants pacifiques doivent prendre leur distance. »
Le Premier ministre a annoncé qu’à Paris, 27 commerces avaient été pillés et 124 dégradés samedi. Il a demandé au ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, de renforcer le plan de soutien aux commerçants.