Naufrage du Grande America : récupérer les nappes d’hydrocarbures en mer, c’est mission impossible

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Les deux nappes d’hydrocarbures qui se sont échappées du cargo italien Grande America après son naufrage se rapprochent des côtes françaises. Les opérations en cours ne permettent pas de les récupérer totalement en mer.

Les deux nappes d’hydrocarbures, échappées du cargo italien Grande America et observées par l’avion de patrouille maritime, ne devraient pas atteindre les côtes françaises cette semaine. Telles sont les conclusions publiées dimanche par le Comité de dérive, constitué d’experts en météorologie, en océanographie et en lutte contre la pollution maritime. Mais à terme, elles devraient bel et bien toucher les côtes françaises, et ce, malgré les opérations antipollution en cours. Voici pourquoi il est difficile de contenir et de récupérer en mer les 2.200 tonnes de fioul.

La mauvaise météo contraint les opérations antipollution
Les opérations antipollution rapidement mises en place ont été contraintes par la météo. « Les conditions météorologiques ont rendu très difficiles les premières interventions en mer. L’état de la mer était très délicat. Il y avait énormément de houle et de vent », explique en effet la préfecture maritime de l’Atlantique au JDD.

Le pompage des nappes a été immédiatement mis en place. Objectif : retirer le maximum de fioul de la mer. « En récoltant une tonne de déchets (en mer), cela évite 10 tonnes de déchets sur la terre », explique en effet la préfecture. En se déplaçant jusqu’aux côtes, les morceaux d’hydrocarbure emportent avec eux d’autres déchets qui les alourdissent. D’où la nécessité d’intervenir très rapidement en mer.

Profitant d’une accalmie, un chalut a été installé lundi. Ces filets permettent de récupérer entre 8 et 18 mètres de fioul à chaque intervention. Des barrages devraient également être mis en place. Problème : en fonction de l’intensité du vent et des vagues, les nappes pourraient passer par-dessus les barrages. « Chaque fenêtre de météo favorable est utilisée pour installer des techniques de dépollution, empêchant ainsi les résidus d’arriver sur la terre », assure la préfecture.

Le morcellement des hydrocarbures rend complexe leur récupération
Par ailleurs, les spécificités des hydrocarbures en font une matière difficile à récupérer, de part leur évolution en fonction des conditions.

« L’hydrocarbure est une matière qui vit entre le moment où il sort de la cale du bateau et le moment où on tente de le récupérer », explique ainsi Nicolas Tamic, responsable des opérations et adjoint au directeur du Centre de documentation de recherche et d’expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre).

En effet, l’hydrocarbure subit un processus de « vieillissement » composé de trois étapes : la dégradation par la lumière solaire, l’évaporation et la dispersion. « L’activité conjuguée du soleil, de la mer et des conditions météorologiques provoque un morcellement de l’hydrocarbure », explique encore le chercheur.

Ce morcellement complique la récupération du pétrole car il est fragmenté en millions de microparticules. Ces morceaux restants sont appelés « galettes » ou « boulettes » en fonction de leur taille. Celles que l’on retrouve sur les plages après une marée noire. Elles sont très peu dégradables. Même si les techniques d’antipollution sont de plus en plus innovantes, « c’est inévitable qu’il y ait des résidus sur terre », reconnaît la préfecture.

Sur terre, en attendant l’arrivée des premières traces, les autorités sont préparées à déclencher le plan Polmar Terre. Ce plan, créé en 1978 suite à l’échouage de l’Amoco Cadiz au large de la Bretagne, sert à coordonner le personnel et à mobiliser les moyens de lutte en cas de pollution maritime accidentelle. Camions, tractopelles, gants, boudins flottants et bouées absorbantes sont prêts.

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