Il est déjà arrivé qu’un Premier ministre, pour des questions d’agenda, n’assiste pas à la séance des questions d’actualité au Parlement, mais il est exceptionnel que, comme Edouard Philippe, il les boycotte volontairement.
Pour protester contre la décision du Sénat dans l’affaire Benalla, Edouard Philippe ne s’est pas rendu jeudi aux questions au gouvernement à la haute assemblée. Si le Premier ministre n’est pas obligé de s’y rendre, comme l’a expliqué le Parlement, il est quand même assez rare que ce soit le cas, en dehors de questions d’agenda. « Il est où? Il est où? », a lancé jeudi l’opposition, surtout sur les bancs de la gauche. Des huées se sont faites également entendre lorsque le nom d’Edouard Philippe était prononcé. Retour sur les précédents. Le dernier en date remonte à 1998.
Le dernier en date : Lionel Jospin en avril 1998
Le 21 avril 1998, le socialiste Lionel Jospin déclare dans Le Monde, et à la grande fureur des sénateurs, que le Sénat « où l’alternance n’est jamais possible » est « une anomalie parmi les démocraties ». « Je la perçois connue une survivance des chambres hautes conservatrices », ajoute-t-il. Trois jours après, le Premier ministre ne se rend pas à la séance des questions d’actualité au Sénat, mais officiellement, c’est parce qu’aucune question ne lui est destinée.
Un classique entre 1962 et 1969
Dans les premières années de la Ve République, le Premier ministre Georges Pompidou boude les séances du Sénat : entre 1962 et 1969, en raison de l’opposition entre le général de Gaulle et le président de la haute assemblée, Gaston Monnerville, le gouvernement n’y est représenté la plupart du temps que par des secrétaires d’Etat. Le général ne pardonne pas à Gaston Monnerville d’avoir qualifié de « forfaiture » sa décision de proposer par référendum – avec succès – l’élection du président de la République au suffrage universel.
La guerre froide entre le Sénat et de Gaulle s’est achevée par une défaite de ce dernier : la victoire du « non » à la suppression du Sénat lors du référendum d’avril 1969, qui provoqua le départ du général.
Aucun précédent à l’Assemblée
A l’Assemblée, on indique à l’AFP qu’il n’y a a priori pas de cas de figure d’absence programmée du Premier ministre aux questions au gouvernement pour un désaccord, sur les 20 dernières années. Il y a des cas où le Premier ministre était absent, mais a priori ces absences étaient toutes excusées, selon une source parlementaire.
En revanche, le 7 février 2012, le député apparenté socialiste de la Martinique, Serge Letchimy, provoque le départ de l’hémicycle de François Fillon, des ministres et des députés de la majorité quand il évoque le « régime nazi », en reprochant au ministre de l’Intérieur Claude Guéant d’avoir dit que toutes « les civilisations ne se valent pas ».