Brexit : Theresa May perd le contrôle

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Les députés britanniques ont voté lundi soir un amendement qui leur permet d’organiser à la Chambre des communes la suite des votes sur le Brexit. Un nouveau camouflet pour Theresa May, qui a perdu trois nouveaux membres de son gouvernement.

Theresa May reste pour l’heure à la tête du gouvernement britannique, malgré la pression grandissante, mais la conservatrice a essuyé un revers supplémentaire lundi soir. Les députés britanniques ont voté un amendement leur permettant d’influer sur le processus du Brexit, et donc de venir perturber les ultimes manoeuvres de la dirigeante avant la date fatidique de sortie de l’Union européenne, fixée désormais au 12 avril au plus tôt. Cet amendement, adopté par 329 voix contre 302, leur permet d’organiser mercredi une série de votes indicatifs sur la forme que doit prendre le Brexit.

« Cet amendement renverse l’équilibre entre nos institutions démocratiques et crée un dangereux et imprévisible précédent pour le futur », a réagi un porte-parole du ministère chargé du Brexit. Avant d’appeler le Parlement à « définir les prochaines étapes » avec « réalisme : toute option envisagée doit être réalisable dans le cadre de négociations avec l’UE », a-t-il souligné. Parmi ces options sur lesquelles les députés pourraient ainsi donner leur avis : le maintien dans le marché unique, l’organisation d’un nouveau référendum, voire tout bonnement l’annulation de la sortie de l’UE.

Un secrétaire d’Etat démissionnaire lui reproche de jouer « à la roulette russe »
En attendant, Theresa May reste dans une impasse, ce qui l’a déjà amené à demander aux dirigeants de l’UE un report de l’échéance, initialement prévue au 29 mars. Elle cherche en effet toujours des soutiens dans sa majorité pour passer son accord de divorce négocié avec Bruxelles, déjà massivement rejeté par deux fois par les députés. Lundi soir, avant le vote de cet amendement, elle a dû reconnaître que celui-ci n’avait toujours « pas le soutien suffisant » au Parlement pour être soumis une troisième fois.

Au-delà de la reprise en main partielle des députés britanniques, Theresa May a fait face dans la soirée à trois nouveaux départs au sein de son gouvernement, les secrétaires d’Etat Richard Harrington (Industrie), Alistair Burt (Affaires étrangères) et Steve Brine (Santé). Dans sa lettre de démission, le premier reproche au gouvernement de jouer « à la roulette » russe avec « les vies et les moyens de subsistance de la grande majorité de notre peuple » du fait de son « échec à garantir un accord » de sortie. Ce vote et ces démissions accentuent donc la crise politique que traverse le pays, avec une Première ministre qui a perdu toute autorité et le contrôle du Brexit, et semble proche de la sortie.

La Commission européenne juge « de plus en plus vraisemblable » une sortie sans accord le 12 avril
La Commission européenne a de son côté jugé lundi qu’un divorce sans accord le 12 avril et sans période de transition était « de plus en plus vraisemblable ». « Cela créera évidemment des perturbations significatives pour les citoyens et les milieux d’affaires », a-t-elle mis en garde dans un communiqué, tout en annonçant qu’elle avait terminé ses préparatifs pour un tel scénario.

En l’état, les dirigeants de l’UE ont donné à Theresa May le choix : soit leur accord est voté et le Royaume-Uni effectue une sortie ordonnée de l’UE, avec un court report fixé au 22 mai. Soit l’accord reste rejeté, et Londres aura jusqu’au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report, qui impliquerait la tenue d’élections européennes fin mai dans le pays. Sinon, ce serait une sortie sans accord.

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