La République en marche a dévoilé mardi les 30 premiers noms de sa liste pour les élections européennes de mai. Le JDD fait le point sur ces candidats de la majorité.
La ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau a été officiellement investie mardi en tête de la liste LREM aux Européennes, avec l’écologiste Pascal Canfin en deuxième position. « Battre le Rassemblement national serait une première victoire », a-t-elle confié au Figaro à la veille de sa démission du gouvernement, qui interviendra mercredi après le Conseil des ministres. Parmi les 30 premiers noms dévoilés figurent des profils très variés, entre professionnels de la politique, anciens conseillers et personnes issues de la société civile.
La liste :
Nathalie Loiseau
Pascal Canfin
Marie-Pierre Vedrenne
Jérémy Decerle
Catherine Chabaud
Stéphane Séjourné
Fabienne Keller
Bernard Guetta
Irène Tolleret
Stéphane Bijoux
Sylvie Brunet
Gilles Boyer
Stéphanie Yon-Courtin
Pierre Karleskind
Laurence Farreng
Dominique Riquet
Véronique Trillet-Lenoir
Pascal Durand
Valérie Hayer
Christophe Grudler
Chrysoula Zacharopoulou
Sandro Gozi
Ilana Cicurel
Max Orville
Catherine Amalric
Guy Lavocat
Charline Mathiaut
Xavier Fournier
Nawel Rafik-Elmrini
Mao Péninou
Les ex-conseillers de Macron et Philippe
La liste est marquée par la présence de deux anciens conseillers, l’un présidentiel, l’autre du Premier ministre, jamais élus ni l’un ni l’autre. Stéphane Séjourné (6e position) a suivi depuis le début l’aventure Emmanuel Macron. Ancien strauss-kahnien, passé par le cabinet de Jean-Paul Huchon à la région Ile-de-France, il a officié plusieurs mois auprès du Président, mais s’est très vite déclaré intéressé par la campagne européenne à venir, et il la dirigera : « Je suis assez à l’aise dans les campagnes, indiquait-il au JDD. Ça me passionne. On ne m’a pas obligé. »
Gilles Boyer (12e positon) se qualifiait de « bras gauche » d’Alain Juppé puis il est devenu ce qu’il appelle lui-même le « rein » d’Edouard Philippe. Habitué à perdre toutes les élections auxquelles il participe, il n’en reste pas moins un stratège qui servira aussi la campagne dans l’ombre. Avec son humour grinçant et sa froideur, son passé à l’UMP et chez les Républicains, il n’est pas apprécié des Marcheurs. Longtemps, sa présence dans la liste pour les européennes était contestée.
Les professionnels de la politique
Outre les ex-conseillers de l’exécutif, trois élus nationaux rejoignent aussi cette liste. Parmi eux, l’actuelle sénatrice du Bas-Rhin, Fabienne Keller (7e position), vice-présidente d’Agir, qui avait apporté son soutien à Alain Juppé lors de la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017. Elle a également été maire de Strasbourg de 2001 à 2008. Dominique Riquet (16e position) est l’un des rares sortants du Parlement européen à figurer en place éligible. Membre du Mouvement radical, l’élu – chirurgien de profession – avait dirigé la ville de Valenciennes de 2002 à 2012.
Le troisième vient d’un autre pays, puisqu’il s’agit de l’Italien Sandro Gozi (22e position), l’ancien ministre des Affaires européennes du gouvernement de Matteo Renzi (2014-2018). Il est actuellement président de l’Union des fédéralistes européens.
Ilana Circurel (23e) est certes la moins connue de notre catégorie, mais elle est déjà habituée des plateaux de chaînes d’information en continu. Avocate, elle est surtout déléguée nationale à la connaissance au sein de LREM.
Les élus locaux
Dans les 30 premiers noms de la liste En marche, les élus locaux – municipaux, départementaux ou régionaux – représentent la majorité des retenus. Parmi eux, le référent de la majorité dans le Finistère, Pierre Karleskind (14e position), qui est également conseiller municipal de Brest et vice-président de la région Bretagne, en charge de la mer et des infrastructures portuaires. Juste derrière, en 15e position, Laurence Despaux-Farreng a démissionné en 2015 de son poste de conseillère municipale de Pau aux côtés de François Bayrou pour prendre la direction de la communication de la ville et de l’agglomération. Xavier Fournier (28e) est, lui, conseiller municipal d’opposition de Nantes, membre du parti politique Agir.
Conseiller de Paris et élu du 19e arrondissement, l’ancien socialiste Mao Peninou (30e), termine la première partie de la liste rendue publique mardi. Adjoint à la propreté d’Anne Hidalgo, il avait démissionné en novembre dernier. Catherine Amalric (25e) est adjointe au maire d’Aurillac (Cantal), membre du Mouvement radical et médecin dans la vie quotidienne. Quant à Nawel Rafik-Elmrini (29e), elle est adjointe LREM aux affaires européennes à Strasbourg.
La maire DVG de Fontanès, un village héraultais de 350 habitants, et conseillère départementale, Irène Tolleret, pointe en 9e position. Juriste à la commission européenne puis avocate au barreau de Paris, Stéphanie Yon-Courtin (13e position) dirige désormais la commune de Saint-Contest (Calvados) depuis 2014. Etiquetée à droite par ses opposants, l’élue se défendait dans la presse locale, affirmant « mener une équipe faite de gens de droite et de gauche qui veulent d’abord et avant tout défendre » la ville. Elle est également conseillère départementale, membre du groupe Républicains et apparentés. Valérie Hayer (19e position) est vice-présidente du conseil départemental de Mayenne. Elle était aussi attachée parlementaire du député européen sortant Jean Arthuis, qui soutient Emmanuel Macron. Egalement conseiller départemental, du Territoire de Belfort cette fois, Christophe Grudler, qui est membre du bureau exécutif national du MoDem, figure en 20e position.
Deux perdants des législatives
La règle avait été édictée le 22 mars 2018 par celui qui était alors patron d’En Marche, Christophe Castaner : pas de « recyclage de candidats qui ont perdu aux élections législatives ». Raté. La liste en comporte quand même trois. Outre Gilles Boyer, qui était en juin 2017 candidat LR dans les Hauts-de-Seine (et avait un candidat LREM face à lui), il y a aussi Sylvie Brunet (11e position), qui a échoué à Aubagne (Bouches-du-Rhône) lors de ces même élections. Ancienne conseillère municipale à Cassis et conseillère à Marseille Métropole, cette directrice des ressources humaines, notamment chez Bull et à la communauté d’agglomération de Toulon, est aussi membre du Cese.
Max Orville (24e position), président du MoDem Martinique, est aussi un candidat malheureux aux législatives de 2017. Ce syndicaliste, neveu de l’ancien président du Sénat Gaston Monnerville, avait aussi échoué aux européennes de 2009.
Les écolos
Pas de surprise de ce côté là depuis la confirmation par Pascal Canfin lui-même dans Le Monde du jour de sa position de numéro 2 sur la liste. Début mars, c’est le député européen écologiste sortant Pascal Durand (18e), ancien secrétaire national d’EELV (2012-2013), qui avait justifié dans L’Obs son choix de rejoindre la majorité pour le scrutin européen.
Catherine Chabaud (5e position) peut également intégrer les profils écologistes de la liste. Navigatrice, elle est la première femme à avoir bouclé un tour du monde en solitaire, sans escale et en course, lors du Vendée Globe de 1996. Journaliste, elle a notamment été rédactrice en chef de la revue Thalassa. Catherine Chabaud est actuellement membre du Cese « au titre de la protection de la nature et de l’environnement ».
Les membres de la société civile
C’était une exigence à En Marche : poursuivre le renouvellement de la classe politique en incorporant le plus haut possible des membres de la société civile dans la liste. Comme Marie-Pierre Vedrenne (3e position), juriste spécialisée en droit européen et directrice du centre d’information Maison de l’Europe à Rennes, numéro 3 de la liste. Cette experte des questions liées à l’UE vient donner une teinte très pro-Union à la liste.
Sur un autre versant de l’expertise européenne, il y a Jérémy Decerle (4e position), éleveur de vaches charolaises, dans le Charolais, et, depuis 2016, président du syndicat des Jeunes agriculteurs (JA), qui représente les exploitants de moins de 35 ans. Il pourra s’entendre avec Pascal Canfin : ses vaches se nourrissent avant tout d’herbe et il a des panneaux photovoltaïques sur le toit de son bâtiment!
Plus loin sur la liste, on trouve Stéphane Bijoux (10e), directeur des rédactions télés d’Outre-mer de France Télévisions. Puis Véronique Trillet-Lenoir (17e position), chef du service d’oncologie médicale du centre hospitalier Lyon-Sud. Elle est aussi élue régionale de Rhône-Alpes. Initialement sur la liste de gauche conduite par Jean-Jack Queyranne en 2014, elle a quitté le groupe PS l’année dernière pour rejoindre celui de LREM.
Chrysoula Zacharapoulou (21e) est, elle, gynécologue et présidente de l’association Info-Endométriose. Guy Lavocat (26e) est consultant en responsabilité social des entreprises et surtout référent LREM du Puy-de-Dôme. Enfin, Charline Mathiaut (27e), est adhérente au MoDem mais gestionnaire immobilier au quotidien.