Les députés britanniques ont échoué mercredi soir à trouver une alternative au plan de Theresa May sur le Brexit, les huit scénarios alternatifs proposés n’ayant pas reçu une majorité des voix. La Première ministre, qui a offert sa démission pour faire adopter son accord, reprend donc la main pour trouver les 75 voix qui lui manquent.
« Le Parlement a finalement son mot à dire. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. » Face aux derniers développements politiques sur le Brexit, le journal The Guardian a préféré en rire. Le quotidien britannique évoquait l’échec des huit scénarios alternatifs examinés mercredi par les députés, qui avaient repris la main sur Theresa May en lui imposant un droit de regard sur la suite du divorce avec l’Union européenne. Mais les élus ont été bien incapables de trouver un compromis. De la sortie sans accord au renoncement du Brexit, en passant par une union douanière avec l’Union, tous ces votes « indicatifs » n’ont reçu aucune majorité des voix.
Les députés se sont finalement contentés d’entériner le report de la date du Brexit, initialement prévu le 29 mars, au 12 avril au plus tôt. Si le Royaume-Uni reste donc dans l’impasse, les choses semblent toutefois plus claires : la solution pourrait passer par l’adoption de l’accord conclu par Theresa May avec Bruxelles, et déjà refusé deux fois par sa majorité. Le ministre chargé du Brexit Steve Barclay a ainsi conclu que l’échec du Parlement « renforçait » la position du gouvernement.
La dernière carte de Theresa May
La Première ministre conservatrice a abattu sa dernière carte mercredi, peu avant les votes sur les alternatives proposés par les députés, en promettant de quitter ses fonctions si son accord de Brexit était adopté. De quoi tenter de rallier certains récalcitrants dans son propre camp. De nombreux élus de sa formation appelaient en ce sens, en conditionnant leur soutien au texte à son départ.
Theresa May a donc appelé une nouvelle fois les Tories à soutenir son accord pour « respecter la décision du peuple britannique de quitter l’Union européenne », prise lors du référendum du 23 juin 2016. Le vote pourrait intervenir ces prochains jours au Parlement, peut-être la semaine prochaine, même si l’échéance n’est pas encore fixée. Mais le succès de l’initiative reste très incertain. Le gouvernement doit convaincre 75 députés. Il aurait déjà fait changer d’avis à l’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, candidat potentiel à sa succession, selon un proche de ce champion du Brexit.
L’allié nord-irlandais refuse une nouvelle fois de soutenir l’accord
Le parti nord-irlandais DUP, son allié au Parlement, a en revanche fait savoir dans la soirée qu’il ne « soutiendrait pas » cet accord, après l’avoir qualifié de « toxique ». Et outre ce coup de froid, d’autres Brexiters purs et durs ont signalé leur intention ne pas suivre l’exécutif.
Les échecs successifs de la Première ministre ces derniers mois avaient déjà contraint le gouvernement à demander à l’UE un report du Brexit. Si elle parvient à faire finalement adopter son accord, les 27 de l’UE lui laisseront un nouveau répit, pour organiser le Brexit au 22 mai. Mais si l’accord est une troisième fois rejeté, Londres aura jusqu’au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report, qui impliquerait la tenue d’élections européennes dans le pays fin mai. Sinon, ce sera une sortie sans accord.