Projet de loi sur l’école : Blanquer prêt à revoir sa copie sur les regroupements écoles-collèges

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Jean-Michel Blanquer indique jeudi au Parisien être prêt à amender son projet de loi sur l’école qui doit être examiné en mai au Sénat. Contestés par des parents d’élèves et des enseignants, les regroupements écoles-collèges ne se feront qu’avec un « consensus local », a promis le ministre de l’Education.

Le ministre de l’Education démine. Jean-Michel Blanquer indique jeudi dans Le Parisien qu’il est prêt à ajuster son projet de loi sur l’école, « si cela permet de rassurer définitivement ». Le texte du gouvernement, adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le mois dernier, doit être transmis au Sénat au début du mois de mai. Mais le ministre s’exprime peu avant une nouvelle journée d’action prévue samedi à l’appel des principaux syndicats enseignants, dix jours après le succès de la mobilisation du 19 mars – 24% de grévistes dans le premier degré ont été recensés par le ministère, 40% selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Sujet de colère d’enseignants et de parents d’élèves : la fusion possible d’écoles du primaire avec leur collège de secteur. Dans son entretien au Parisien, Jean-Michel Blanquer se défend de vouloir « imposer » ces regroupements sous ces nouvelles entités, baptisées « établissements publics des savoirs fondamentaux » (EPSF). Ce projet « ne remet pas en cause l’existence des écoles et de leurs directeurs », tempère ainsi le ministre, en évoquant l’une des principales craintes exprimées autour de cette mesure.

Un consensus local nécessaire avant tout regroupement
« Il existe déjà [de tels regroupements] sous forme d’expérimentations, souvent en milieu rural, mais pas seulement. C’est sur la base de ces expériences, qui aujourd’hui n’ont pas de véritable cadre juridique, que nous proposons cette formule », explique-t-il, avant de préciser : « Il ne s’agit pas de l’imposer, loin s’en faut. Si c’était imposé partout en France, je comprendrais complètement l’émoi, mais cela n’est absolument pas ça. »

Pour autant, le ministre est « prêt » à amender son texte afin de permettre l’accord de la communauté éducative locale avant de valider tout regroupement de ce type. « Ces établissements ne se feront que s’il y a un consensus local. Je n’ai jamais souhaité autre chose. Cela concernera probablement quelques unités, ou quelques dizaines de cas. Et ce sera le choix des élus et des communautés éducatives », assure Jean-Michel Blanquer.

Les syndicats dénoncent « l’autoritarisme » du ministre
S’agissant des mobilisations actuelles, le ministre dit « comprendre les émotions de bonne foi », mais ajoute « qu’une bonne partie de ces mobilisations se font sur la base d’informations erronées », formulée notamment par des « élus de la République ». Quant à une éventuelle erreur de « méthode », Jean-Michel Blanquer reste droit dans ses bottes : « Je ne suis pas certain que ce soit un problème de méthode d’accepter des amendements et de jouer le jeu de la démocratie parlementaire », répond-il. « Je crois que cela se voit que j’ai une ligne claire et que je l’applique. Il est normal qu’il y ait du débat, mais il n’est pas normal qu’il y ait du mensonge », déclare-t-il aussi.

De leur côté, les syndicats fustigent « l’autoritarisme » du ministre, notamment en raison du « recadrage, avec menaces de sanctions », envoyé par le ministère de l’Education nationale début mars aux recteurs, qui visait les enseignants refusant de faire passer les évaluations de CP et CE1 à leurs élèves. Ces évaluations, sous leur forme actuelle, sont vertement critiquées par des enseignants, y compris certains favorables à ce type de dispositif. Outre ce sujet et la création des EPSF, les syndicats contestent également l’article 1 du projet de loi, qui mentionne le devoir d' »exemplarité » des personnels de la communauté éducative, et est interprété par certains comme un moyen de rappeler à l’ordre ou de sanctionner des enseignants qui critiqueraient l’institution.

Aussi, l’objectif de la mobilisation de samedi « est de peser sur le vote pour que le texte soit retoqué », a affirmé à l’AFP Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU. Ce projet n’offre selon elle « aucune réponse aux problèmes actuels de l’école », comme « la réduction des inégalités et l’inclusion de tous les élèves » et « au contraire en pose de nouveaux ».

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