Gilets jaunes : à propos de la violence, Maxime Nicolle et Eric Drouet n’ont pas toujours été très clairs

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Maxime Nicolle et Eric Drouet sont convoqués par la justice pour avoir appelé à la violence lors des manifestations des Gilets jaunes. Les deux hommes ont eu des propos ambigus sur le sujet depuis le début du mouvement.

Ils ne veulent pas être présentés comme des leaders. Mais les paroles de Maxime Nicolle et Eric Drouet, deux des figures les plus en vue des Gilets jaunes, sont toujours très écoutées par une partie du mouvement. Or, ces deux meneurs des Gilets jaunes ont parfois tenu des propos ambigus sur l’opportunité d’utiliser la violence contre les biens, les institutions et l’Etat. Mercredi, Maxime Nicolle a d’ailleurs annoncé qu’il avait été convoqué par la justice, tout comme Eric Drouet, pour avoir incité à la violence.

Durant les premières semaines du mouvement, Maxime Nicolle a appelé au calme, avant de durcir le ton en amont du 16 mars, journée lors de laquelle les Champs-Elysées ont été saccagés. Depuis, il affirme de nouveau qu’il est contre la violence. Voici comment les deux hommes ont varié dans leurs déclarations.

La période précédant le saccage des Champs-Elysées, le 16 mars dernier
Le contexte
Un appel national est lancé par les Gilets jaunes pour une grande mobilisation à Paris le 16 mars à l’occasion de l’acte 18. Quatre mois après le début du mouvement, de nombreux Gilets jaunes font part de leur impatience face au mutisme de l’exécutif qui refuse de plier sur leurs trois revendications principales (référendum d’initiative citoyenne, fin des « privilèges » des élus, baisse des taxes sur les produits de première nécessité).

Les propos
Quelques jours avant le 16 mars, Maxime Nicolle abandonne ses appels à la modération et se dit alors indifférent face au risque de violence le jour de l’acte 18 :

« Le 16, il va se passer ce qu’il va se passer. J’en ai plus rien à foutre. [Je ne dirais plus] aux gens : ‘Restez calme’. […] On a essayé d’être cool avec vous [le gouvernement et les médias, NDLR], de discuter. Pendant 17 semaines, on a essayé de vous faire comprendre des choses. Cela n’a rien donné », déclare-t-il dans un Facebook Live.

Eric Drouet a, lui, partagé un événement Facebook qui appelle à « poser les bases [le 16 mars] d’une montée en puissance du mouvement de révolte et l’inscrire dans la durée autant que dans la radicalité. »

Dans une vidéo diffusée sur YouTube, Eric Drouet annonce également, menaçant, qu’il n’ira pas à Paris pour « manifester mais pour se faire entendre… »

Au lendemain des dégradations des Champs-Elysées
Le contexte
L’acte 18 est marqué par un fort regain de violences à Paris. Des boutiques et des restaurants sont pillés et incendiés sur les Champs-Elysées. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont lieu pendant des heures. C’est l’un des épisodes les plus violents depuis le 1er et le 8 décembre.

Le manque de préparation du gouvernement provoque une tempête politique et le limogeage de plusieurs hauts responsables de la préfecture de police. Emmanuel Macron est même obligé de rentrer en catastrophe à Paris, alors qu’il se trouvait à La Mongie, dans les Hautes-Pyrénées.

Les propos
Les graves violences observées sur les Champs-Elysées redonnent le sourire à Maxime Nicolle : « Aujourd’hui, j’ai été fier de voir que les gens ont arrêté d’être des moutons », explique-il dans un Facebook Live diffusé samedi 16 mars au soir.

« Vous avez montré que vous étiez capables d’être mobilisés, déterminés, que vous ne vouliez plus vous faire enfler en disant merci avec le sourire », ajoute-t-il.

Dans la même vidéo, Maxime Nicolle finit toutefois par dire que la « violence est toujours regrettable » tout en assurant que celle-ci est la faute du gouvernement.

De son côté, Eric Drouet assure que la violence peut faire « bouger les choses ».

« Samedi, [à cause des] dégradations peut-être, il y a eu une réunion de crise (convoquée par Matignon) ce qui n’était pas arrivé depuis l’acte 3. Ce qui prouve bien que ça fait un peut bouger les choses. C’est malheureux car c’est apparemment la seule chose qui fait bouger le gouvernement », dit-il.

Et aujourd’hui?
Le contexte
A la suite de l’acte 18, Edouard Philippe annonce son intention de saisir la justice à chaque fois que les actes de violences survenus lors de manifestation de Gilets jaunes seront « glorifiés ». Il vise particulièrement Maxime Nicolle qui s’était dit « fier » après les saccages sur les Champs-Elysées. Les deux hommes ont finalement été convoqués cette semaine par la justice pour appel à la violence.

Les propos
Ces derniers jours, Maxime Nicolle a tenu des propos plus modérés sur le sujet des violences : « Le seul truc que je peux vous dire, c’est de ne pas rentrer dans la violence. Ils [Le gouvernement, NDLR] attendent que ça. Ils attendent que ça pour faire passer des lois à la con, pour faire des arrestations préventives. Alors que s’il n’y a pas de violence, on les fait juste chier et ils se mettent dans la merde tout seul », a-t-il déclaré mardi soir dans un Facebook live.

Eric Drouet a, pour sa part, diffusé une vidéo de 10 minutes sur YouTube dans laquelle il demande au gouvernement de bien se préparer à la nouvelle grande manifestation prévue à Paris le 20 avril afin d’assurer correctement le maintien de l’ordre.

« On a le 20 avril qui arrive. On s’y prend trois semaines à l’avance. Le 16 mars, vous aviez déjà un mois pour vous préparer, vous avez fait de la merde. Le 20 avril, la France remonte à Paris. Donc organisez-vous comme vous voulez mais ne faites pas passer les Gilets jaunes pour des cons. Organisez-vous, c’est votre métier de faire le maintien de l’ordre », dit-il encore.

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