On savait que la cellule Ariane, chargée de faire d’éventuels recoupements entre des dossiers de disparition ou de mort non résolus et Nordahl Lelandais, avait identifié 40 « cold cases ». On en sait désormais un peu plus sur le profil de ces autres disparus.
Les révélations successives dans les affaires Maëlys et Arthur Noyer ont conduit les enquêteurs à s’interroger sur le profil de Nordahl Lelandais, mis en examen dans ces deux dossiers. Plusieurs familles de disparus, la majorité dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, se sont en effet interrogées sur d’éventuels liens entre leur affaire et le parcours de l’ancien militaire. Mi-février, on apprenait que la cellule Ariane, chargée d’établir, ou non, ces connexions, avait identifié « une quarantaine » de dossiers nécessitant des investigations plus poussées. Parmi ceux-ci, des noms plusieurs fois évoqués, mais aussi des dossiers peu médiatisés jusqu’à alors, comme le rapporte Le Parisien lundi.
27 hommes, 12 femmes, une fillette : voici le « profil » des 40 disparus ou morts suspectes
35 affaires de disparition ;
5 affaires de morts suspectes ;
tous ces dossiers ont pour théâtre 6 départements de la région où vivait Nordahl Lelandais : Savoie, Isère, Drôme, Rhône, Loire, Ain.
27 dossiers concernent des hommes ;
12 dossiers concernent des femmes, pour la plupart âgées de moins de 40 ans ;
le cas d’une fillette disparue près de Lyon fait également partie de ces 40 dossiers ;
25 enquêtes ont été confiées à la police judiciaire ;
15 enquêtes sont traitées par des sections de recherche de la gendarmerie
Pour rappel, la cellule Ariane s’est appuyée sur des critères géographiques et temporels ainsi que sur le profil des victimes pour faire le tri parmi les 900 dossiers dont elle s’était saisie à sa création, il y a un an. Le parcours de vie de Nordahl Lelandais (relevés bancaires, téléphoniques, Sécurité sociale, contrats de travail, etc.) a également été étudié avec précision.
1 – Stéphane Chemin, 33 ans, disparu en Isère le 24 septembre 2012
Il s’agit d’un Isérois âgé de 33 ans et souffrant de schizophrénie depuis une dizaine d’années au moment de sa disparition.
Placée sous curatelle, il a disparu le 24 septembre 2012 au Bourg-d’Oisans, sans téléphone ni papiers ni moyens de paiement, comme le signale l’appel à témoins diffusé par la gendarmerie à l’époque. On y apprend aussi qu’il était en « phase de crise » lors de sa disparition.
Il était moniteur d’équitation et père d’un enfant de deux ans au moment de sa disparition.
Interrogée par Le Parisien, sa mère, Nicole, se dit « surprise » de voir le nom de son fils dans cette liste et « n’y croit pas trop ». « Après, s’ils font avancer l’enquête et ferment quelques portes, ce sera déjà bien. »
2 – Hugo Raffi, 18 ans, disparu à Albertville le 15 juin 2012
Hugo Raffi a disparu le 15 juin 2012.
Ce jour-là, le jeune homme de 18 ans a quitté le domicile familiale à Albertville, en Savoie, en tongs, sans portable et sans papiers.
3 – Adlène Kifani, 18 ans, disparu dans la Drôme le 16 avril 2009
Il s’agit de l’une des affaires les plus anciennes.
Le jeune homme de 18 ans a disparu alors qu’il s’apprêtait à rejoindre des amis dans un bar à Portes-lès-Valence, dans la Drôme, le 16 avril 2009.
Selon l’avis de recherche, il n’avait aucun papier avec lui au moment de sa disparition.
De même source, il a passé un coup de fil de quelques secondes, ce soir-là, au numéro d’urgence de la police. Il n’a ensuite plus donné signe de vie.
Pour son père, Kaddour, interrogé par Le Parisien, figurer sur cette liste est « positif ». « On se dit que les enquêteurs vont travailler dur, vont trouver des pistes. »
Pour ce père de famille, il existe des similitudes entre la disparition de son fils et celle d’Arthur Noyer, le jeune caporal mort en avril 2017 près de Chambéry, dossier pour lequel Nordahl Lelandais est mis en examen pour « assassinat ». « L’histoire du caporal, ça se rapproche de celle de mon fils. Puis Lelandais a été impliqué dans des histoires de drogue et mon fils a eu quelques soucis de consommation. C’est peut-être un lien », dit-il au journal.
4 – Thomas Rauschkolb, 18 ans, retrouvé mort près de Chambéry le 28 décembre 2014
Il s’agit d’une affaire de mort suspecte.
Le corps de ce jeune de 18 ans a été découvert dans une rivière proche de Chambéry, au lendemain d’une sortie en discothèque le 27 décembre 2014. La boîte de nuit se situe entre Chambéry et Aix-les-Bains.
Selon Le Parisien, son père n’a jamais cru à une chute accidentelle, piste évoquée par les enquêteurs.
Plusieurs éléments du dossiers sont troublants : Thomas prend ce soir-là un itinéraire inhabituel ; sur son chemin a été retrouvé l’une de ses chaussures ; sa ceinture était accrochée à un grillage.
Ces 6 autres dossiers déjà évoqués figurent en haut de la pile
Les six noms qui suivent ont été évoqués à plusieurs reprises, et selon Le Parisien, ces disparitions figurent « au-dessus de la pile », tout comme les dossiers ci-dessus. Les voici.
Jean-Christophe Morin, 22 ans, a disparu le 9 septembre 2011 alors qu’il participait à un festival électro au Fort de Tamié, en Savoie.
Ahmed Hamadou, 45 ans, a disparu le 8 septembre 2012 alors qu’il participait au même festival. On sait que l’homme connaissait Nordahl Lelandais. Il résidait par ailleurs au Pont-de-Beauvoisin, la commune où Maëlys a disparu la nuit du mariage.
Eric Foray, 47 ans, a disparu le 16 septembre 2016 à Chatuzange-le-Goubet, dans la Drôme. Il n’a plus donné signe de vie alors qu’il était parti faire des courses à l’heure du déjeuner.
Nelly Balmain, 29 ans, a disparu le 8 août 2011 dans la Drôme. Elle avait quitté le domicile de ses parents, à Saint-Jean-en-Royans, en scooter et n’a plus donné signe de vie.
Lucie Roux, 43 ans, a disparu le 16 septembre 2012 à Chambéry. On sait qu’elle a fréquenté le même hôpital psychiatrique que Nordahl Lelandais cette année-là.
Adrien Fiorello, 22 ans, disparu le 6 octobre 2010 alors qu’il venait de quitter son domicile à Firminy, dans La Loire, pour rejoindre son université à Saint-Etienne, située à 15 kilomètres de là. Le jour de sa disparition, son téléphone a déclenché un relais à Chambéry, où vivait Nordahl Lelandais à cette époque. Selon Le Parisien, il aurait « fréquenté des établissements prisés de la communauté homosexuelle, ce qui intéresse les enquêteurs puisque Lelandais a eu des liaisons avec des hommes ». Dans Le Parisien, sa mère confie « sa satisfaction de voir l’affaire relancée, de savoir que des spécialistes vont tenter de découvrir ce qui est arrivé à Adrien ».