Edouard Philippe veut des baisses d’impôt, mais tout le monde est-il vraiment sur la même ligne?

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Le Premier ministre Edouard Philippe pousse pour des baisses d’impôt mais tous, au sein de la majorité, ne partage pas forcément cette position.

« Nous devons baisser, et baisser plus vite, les impôts ». Dans son discours lundi de conclusion du grand débat, Edouard Philippe a particulièrement insisté sur l’importance de réduire les impôts face à une immense « exaspération fiscale ». La veille déjà dans le JDD, Gérald Darmanin avait lancé la charge en assurant que « le verbe qu’il faut conjuguer quand on touche aux impôts, c’est le verbe ‘baisser' ». Bruno Le Maire a lui aussi plaidé en début de semaine pour des baisses d’impôts, en particulier l’impôt sur le revenu. La chose semblait donc actée : Emmanuel Macron allait forcément annoncer des baisses d’impôts dans son intervention prévue la semaine prochaine. Mais tout ne semble pas aussi clair.

L’ancien ministre de la Justice et patron du MoDem, François Bayrou, a semblé beaucoup moins enthousiaste jeudi matin sur BFMTV : « J’ai écouté le gouvernement et le Premier ministre mais je ne crois pas qu’un aussi grand mouvement d’inquiétude, de manifestations, d’expressions d’attente, qui a réuni des centaines de milliers de personnes, se résume à une baisse d’impôts promise ». Pour lui, « le problème est beaucoup plus profond que ça ». « Il y en a beaucoup qui ne paient pas l’impôt sur le revenu et vous croyez qu’à eux, on n’a rien à leur dire? », s’est-il demandé.

Les ministres de droite du gouvernement en pointe sur les baisses d’impôt
Selon lui aussi, « on a besoin d’une réorganisation de l’État, la réforme de l’État doit venir en premier, et ça aura des conséquences sur la dépense publique et ce jour-là, il sera tout à fait juste et mécanique qu’on baisse les impôts ». « Le Président de la République ne veut pas qu’on se dise que le seul sujet de sortie du grand débat c’est la fiscalité », a également glissé jeudi matin sur France Inter le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

Deux lignes semblent s’affronter au sein du gouvernement. D’un côté, il y a les ministres de droite (Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, appuyés par Edouard Philippe) qui plaident à tout prix pour des baisses d’impôt et qui ne veulent pas d’un nouvel impôt ou d’une nouvelle taxe. De l’autre, on retrouve les ministres de gauche qui plaident pour davantage de justice fiscale. Ce qui laisse sous-entendre que des impôts pourraient augmenter. François de Rugy n’a pas exemple pas exclu un retour de la taxe carbone. « Si on veut mener une politique de transformation de l’économie, il faut avoir une fiscalité qui soit cohérente », a ainsi expliqué l’ancien écologiste.

Baisse des impôts ou justice fiscale?
Un autre ministre, plutôt classé à gauche, plaidait lui cette semaine en privé pour des baisses d’impôts mais financées par le déficit public, en contradiction avec la ligne du gouvernement : « 2,7% de déficit ou 3,2%, cela ne change pas la vie des Français ». « Il faut rendre l’argent aux classes moyennes qui ont été les vaches à lait des deux précédents quinquennats », expliquait-il au JDD.

Selon Europe 1, Emmanuel Macron « devrait parler de fiscalité [lors de son intervention la semaine prochaine] mais pour parler de justice fiscale plutôt que de baisse des impôts ». De nombreux Gilets jaunes reprochent pourtant à Emmanuel Macron la suppression de l’impôt sur la fortune qui a mis à mal cette volonté de juste répartition des efforts. Emmanuel Macron a pourtant répété à plusieurs reprises qu’il ne reviendrait pas sur cette mesure. Le chef de l’Etat va donc devoir être particulièrement inventif la semaine prochaine pour réussir à convaincre sur sa volonté d’assurer une meilleure justice fiscale.

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