L’acteur Jean-Pierre Marielle est mort à l’âge de 87 ans

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L’acteur Jean-Pierre Marielle est mort à l’âge de 87 ans. C’est la famille qui l’a annoncé à l’AFP. De Audiard à Tavernier, en passant par Blier et Lautner, il avait tourné avec les plus grands. Retour sur sa carrière hors du commun.

L’un des derniers géants du cinéma français s’en est allé. Jean-Pierre Marielle est mort à l’âge de 87 ans. Il aura survécu un an et demi à son comparse Jean Rochefort. Ils faisaient partie de cette génération d’acteurs surdoués dont il ne reste aujourd’hui que très peu de représentants : Michel Piccoli, 93 ans, Jean-Paul Belmondo, 86 ans, Alain Delon, 83 ans, Claude Brasseur, 82 ans…

Il avait choisi d’intituler son autobiographie Le grand n’importe quoi
On aimait sa voix caverneuse, qu’il certifiait n’avoir jamais travaillé, sa dignité et sa pudeur en toute circonstance, sa capacité inouïe à interpréter des rôles différents avec une aisance déconcertante.

Son allure de vieux sage érudit, à la droiture immuable, tranchait dans les comédies débridées où il donnait enfin libre cours à sa fantaisie et sa poésie. Il avait d’ailleurs intitulé son autobiographie Le grand n’importe quoi (Calmann-Levy), pour refléter sa personnalité complexe mais tellement attachante.

Quand on a la chance de faire les bonnes rencontres, on les garde

Fidèle en amitié, il déclarait dans Le Figaro Magazine en 2010 : « Quand on a la chance de faire les bonnes rencontres, on les garde. Encore faut-il pouvoir y parvenir, parce qu’au bout d’un moment il y en a pas mal qui décanillent. C’est pas la joie, hein? »

C’est un enseignant qui l’a convaincu d’étudier l’art dramatique
Né le 12 avril 1932 à Paris dans le 13e arrondissement, Jean-Pierre Marielle est le fils de Georges, un industriel qui dirige une entreprise agro-alimentaire, et de Josette, une couturière.

Il grandit à Précy-le-Sec, dans l’Yonne, et s’essaie au théâtre dès le lycée où il monte des pièces de Tchékhov avec ses camarades. Il voue un amour inconditionnel à la littérature (Rimbaud et Baudelaire), mais se laisse convaincre par un enseignant d’entamer des études d’art dramatique.

Il monte à Paris où il intègre le Conservatoire. Il y croise Jean Rochefort et Jean-Paul Belmondo, avant de remporter le prix de comédie classique en 1954. Il s’épanouit sur les planches, tente l’aventure du cabaret et décroche son premier rôle au cinéma dans Charmants garçons (1957), d’Henri Decoin.

Des seconds rôles puis l’ascension, dans les années 1970
Au départ condamné à interpréter les seconds couteaux (Faites sauter la banque, Week-end à Zuydcoote, Le diable par la queue), il explose dans les années 1970 sous la direction des plus grands réalisateurs : Michel Audiard (Comment réussir quand on est con et pleurnichard), Bertrand Tavernier (Que la fête commence), Georges Lautner (On aura tout vu), Bertrand Blier (Calmos), Edouard Molinaro (Cause toujours… tu m’intéresses!) et Claude Berri (Un moment d’égarement).

Les Galettes de Pont-Aven (1975), de Joël Seria, lui vaut sa première nomination aux César. Plus rien ne freine à présent son irrésistible ascension. Jean-Pierre Marielle alterne films d’auteurs et productions grand public, de Coup de torchon (1981), de Bertrand Tavernier, à Quelques jours avec moi (1988), de Claude Sautet, en passant par Tous les matins du monde (1991), d’Alain Corneau, et Les Grands Ducs (1996), de Patrice Leconte, désormais cultes.

Télévision, scène et… Hollywood
Il est même courtisé par Hollywood puisqu’il joue le directeur du musée du Louvre assassiné dans Da Vinci Code (2006), l’adaptation du best-seller de Dan Brown par Ron Howard.

Il tourne beaucoup pour la télévision et ne renonce jamais à sa passion pour la scène (Molière, Racine, Ionesco, Feydeau, Pinter).

Sa peur? L’ennui
Epicurien, il combat au quotidien sa peur de l’ennui, se marie quatre fois (le 4 octobre 2003 avec Agathe Natanson, qui l’a soutenu jusqu’au bout), a un fils de sa deuxième union (François-Arthur), avoue un faible pour le vin de Bourgogne et le petit salé aux lentilles, écoute du jazz depuis sa tendre jeunesse, initié par sa grande sœur. Enfant, il pratiquait le piano jusqu’au jour où son professeur lui renversa de la soupe bouillante sur les mains. Traumatisé, il préféra par la suite l’harmonica!

Ce métier m’a offert une existence imprévue

« Ce métier m’a offert une existence imprévue », avouait-t-il dans son livre. Claude Miller, qui l’a dirigé deux fois dans Le Sourire (1994) et La Petite Lili (2003), consignait son admiration dans ses Mémoires (Stock).

« Jean-Pierre est un acteur assez rare dans le cinéma français. Il a une prestance et une noblesse extraordinaires, mais il peut tout aussi bien être grotesque. Il a une fraîcheur qui lui permet de dire des horreurs sans jamais être vulgaire. »

Son plus grand regret? Ne pas avoir été dirigé par Coppola
Il n’avait qu’un regret : ne pas avoir pu collaborer avec Francis Ford Coppola. Pourtant le metteur en scène américain s’était rendu dans sa maison à Boulogne.

« Il était chaussé de baskets, déclara-t-il dans Le Figaro Magazine en 2005. Il m’a apporté deux bouteilles de vin, qu’il produit lui-même. Je ne sais toujours pas pourquoi il voulait me voir mais ce genre de visite est plus agréable que celle d’un percepteur! »

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