Les principales figures du mouvement des Gilets jaunes sont très critiques à l’égard d’Emmanuel Macron et de ses annonces. Elles promettent de nouvelles manifestations.
Après trois mois de grand débat, les conclusions rendues par Emmanuel Macron jeudi soir n’ont pas convaincu les leaders des Gilets jaunes. Du « blabla », a ironisé Eric Drouet dans une vidéo de quelques secondes seulement publiée sur YouTube dans la foulée. « Le pire enfumage de toute la politique », a ajouté Maxime Nicolle dans un Facebook Live. Interrogé par l’AFP, le Breton a eu des mots durs pour le président de la République, qu’il juge « incapable d’un mea culpa » : « Il n’a pas écouté ce qu’on a dit dans la rue depuis cinq mois. »
Lors de son intervention de deux heures et demie, le chef de l’Etat a multiplié les annonces tout en défendant ses réformes : une baisse de l’impôt sur le revenu qui nécessite de « travailler davantage » et de réduire les dépenses publiques, les retraites de moins de 2.000 euros réindexées sur l’inflation, pas de vote blanc ou de référendum d’initiative citoyenne (RIC), un abaissement du nombre de signatures nécessaires pour saisir le Parlement d’une proposition de loi, etc.
Un discours qui « sonne creux »
« Il vient de balancer quelques miettes de pain comme la réindexation des retraites », a estimé Maxime Nicolle, en déplorant l’écartement du RIC, une des principales revendications des Gilets jaunes. « Simplement abaisser le seuil du référendum d’initiative populaire, c’est complètement inutile, il faut toujours l’accord du Parlement », s’est-il indigné. « Ça sonne creux. Au fond, il garde le cap », a lui aussi réagi Jérôme Rodrigues, autre figure du mouvement. « C’est un bon tchatcheur, il vendrait du sable à un Berbère dans le désert, mais ça ne prend pas. »
Ce dernier regrette notamment qu’Emmanuel Macron n’ait « pas annoncé plus de tranches » pour l’impôt sur le revenu, estimant qu' »on ne réduit pas les inégalités ». « Et il n’y a rien eu sur la TVA, alors que c’est une des premières revendications » des Gilets jaunes, qui réclament une TVA à 0% sur les produits de première nécessité.
Des manifestations à venir
Les principaux leaders du mouvement appellent donc à de nouvelles manifestations. « On sait où on passera notre prochain samedi. Ce n’est pas vraiment une surprise », a déclaré Maxime Nicolle dans sa vidéo en direct jeudi soir. « Tout est repoussé, tout est vague, rien n’est précis, donc samedi on lui montrera que nous aussi on sait faire les choses en profondeur et le 1er mai aussi », a-t-il lancé à l’AFP, appelant à de nouvelles manifestations.
Sur Twitter, Priscillia Ludosky, l’une des initiatrices du mouvement, a réagi en listant les dates des prochaines manifestations hebdomadaires jusqu’au 25 mai.
Sur Facebook, des événements appellent déjà à la mobilisation samedi pour « l’acte 24 ». L’un des plus suivis – près de 3.500 intéressés – invite les Gilets jaunes à se rendre à Strasbourg. Les organisateurs espèrent faire converger des manifestants de plusieurs pays. « On est sur un niveau de vigilance très importante », confie une source policière à l’AFP, tout en soulignant que, vendredi à la mi-journée, il n’y avait « pas de mouvement structuré de l’étranger annoncé ».
D’autres manifestations auront lieu samedi : opération escargot sur le périphérique lyonnais, « marche sur les médias » à Paris, marche nocturne à Cambrai, déploiement d’un gilet jaune géant au sommet de la Roche de Solutré (Saône-et-Loire)…
Mais la grande mobilisation à venir aura vraisemblablement lieu mercredi prochain pour le 1er-Mai. Les principales figures du mouvement ont évoqué cette date et des appels à la convergence avec des groupes de black-blocs se répandent sur Facebook ces dernières semaines.