Plan de déconfinement économique : pour une bifurcation écologique

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Le krach sanitaire vécu par notre pays et le monde a révélé les dangers de la globalisation financière. Le grand déménagement du monde dont nous dépendons pour nos besoins essentiels nous installe dans un état de grande fragilité. En pleine pandémie, la France s’est trouvée en pénurie de médicaments ou de matériel de protection sanitaire. Des tensions dans l’approvisionnement alimentaire sont apparues. De la sorte, l’illusion du libre-échange, des délocalisations et d’un « pays sans usines » s’est effondrée. Le moment coronavirus a élevé au rang d’exigences fondamentales des options défendues de longue date par la France insoumise et son programme « L’Avenir en commun » telles que la relocalisation, la réindustrialisation et la planification.

À présent, la France risque une catastrophe sociale. La mise à l’arrêt de l’économie mondiale et particulièrement de sa composante encore centrale, l’économie du pétrole, a mis à terre de nombreuses industries. Nous commençons à le voir dans notre pays avec les grandes difficultés des filières aéronautique et automobile. Les secteurs de l’hôtellerie, du tourisme, de la restauration, de la culture sont aussi fortement touchés. Au total, notre pays fait actuellement face à la vague de chômage la plus importante de son histoire. Un million de personnes ont perdu leur emploi, souvent précaire, en trois mois. La baisse des revenus ainsi engendrée peut entraîner, par la chute de la consommation populaire, un cercle vicieux de récession. Le marché est impuissant à établir les chaînes de production et d’échange dont dépend la vie quotidienne. Seule l’intervention de l’État peut empêcher le chaos économique.

Quelle forme doit prendre cette intervention ? Celle choisie par le gouvernement est la pire. Il s’agit d’une action désordonnée consistant à saupoudrer de l’argent public sur tel ou tel secteur à mesure que les problèmes se présentent. Mais il n’y a ni anticipation ni plan d’ensemble. L’absence totale de contreparties sociales et environnementales montre bien qu’il s’agit de tout recommencer comme avant. C’est la politique de l’offre la plus stupide qui se déconfine : produire n’importe quoi, n’importe comment sans considération du bien-être social des travailleurs ou du bien être écologique de la planète.

Dans l’automobile, dans l’aéronautique, de grandes entreprises vont à la fois profiter de l’argent public, licencier et baisser les salaires. Le tout sans plan sérieux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le seul objectif poursuivi par la politique gouvernementale est de rétablir le niveau des dividendes, seul indicateur du néolibéralisme.

Il faut faire l’inverse. C’est le moment de redéployer l’économie de notre pays dans une toute nouvelle direction. Il s’agit d’organiser le système de la production et de l’échange sur les nouveaux objectifs. C’est ce que nous appelons la planification de la bifurcation écologique de notre modèle de production. Ce doit être le fil conducteur d’un plan d’urgence pour sortir la France du marasme. L’État doit mobiliser les entreprises, les ouvriers qualifiés, les techniciens, les ingénieurs pour lancer la Nation dans de grands chantiers de transformation écologique : transport, énergie, eau, rénovation, nouvelles frontières, etc. Il y a tant à faire pour l’intérêt général. Le rôle de l’État est de proposer ces directions générales et la méthode pour y parvenir. Il doit s’appuyer sur les demandes de la population, les acteurs locaux et les communes. Et pour cela il doit être le garant de la coordination des efforts. Il doit libérer l’action collective de la tyrannie de la financiarisation. Pour cette planification de la bifurcation écologique, la nécessité absolue est de préserver au service du bien commun les qualifications, l’emploi, les revenus.

Ce plan, proposé ici par les parlementaires de la France insoumise, n’est pas un programme économique pour un quinquennat ni une réponse complète à la crise économique et sociale qui s’avance. Il propose dans le contexte du déconfinement économique, une autre voie possible. Cette voie poursuit l’objectif de la règle verte : ne pas prendre à la nature plus que ce qu’elle est capable de régénérer. Elle s’appuie sur des progrès sociaux comme le droit à l’emploi et à la formation ou le partage du temps de travail et des instruments de souveraineté comme le protectionnisme solidaire ou des nationalisations. Elle replace l’État républicain en dialogue avec les communes comme institution centrale dans la vie. Sinon comment organiser une mobilisation générale sérieuse vers des objectifs de salut commun.

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