Interrogé par Le Monde, Jean Cadtex défend le projet de « loi confortant le respect des principes de la République » et se défend de toute volonté de stigmatiser les musulmans de France.
Après avoir été présenté par le passé comme un moyen de lutter contre les « séparatismes », le texte controversé présenté ce mercredi par le gouvernement est désormais officiellement dénommé projet de « loi confortant le respect des principes de la République ». Mais il vise bien « l’hydre islamiste » et ses tentatives de constituer une « contre-société », selon l’expression d’Emmanuel Macron, comme le confirme Jean Castex dans une interview au Monde.
« Nous sommes face à un ennemi qui s’attaque à nos valeurs, qui attaque même nos concitoyens à travers des actes terroristes – nous avons encore tous à l’esprit l’attentat terrible contre Samuel Paty ou la tuerie de Nice », commente le Premier ministre dans le journal. « Nous devons nous renforcer pour mieux pouvoir l’affronter. »
Mais l’exécutif marche aussi sur des oeufs, craignant d’être accusé de stigmatiser les musulmans dans leur ensemble, après les vives critiques et manifestations à l’étranger autour des caricatures de Mahomet. L’émissaire des États-Unis pour la liberté religieuse, Sam Brownback, a fait part ce mardi de son « inquiétude » pour la liberté de religion en France face aux mesures prises par Paris contre l’islamisme radical après les récents attentats.
« Nous ne ferons jamais l’amalgame entre l’islamisme radical et les musulmans », rétorque Jean Castex au Monde. « Je crois d’ailleurs que ces derniers figurent parmi les premières victimes de cette idéologie. »
« Ce projet de loi est un projet de libération des musulmans de l’emprise croissante de l’islamisme radical sur l’expression de leur foi », poursuit-il. « En revisitant la loi de 1905 – qui est une très belle loi mais qui doit être adaptée à la France de 2020 – nous allons favoriser la construction d’un islam de France et permettre ainsi aux musulmans de France de vivre leur foi et pratiquer leur culte dans la sérénité. »
La loi prévoit notamment un contrôle accru du fonctionnement et du financement des associations, dont les plus controversées ont d’ores et déjà été dissoutes ces dernières semaines (CCIF, BarakaCity), ainsi que des lieux de culte, alors que le gouvernement a lancé des opérations contre des dizaines de mosquées « soupçonnées de séparatisme ».