Les eaux de mer françaises le long de la côte sont généralement propres. Cependant, il existe des stations balnéaires populaires où il vaut mieux ne pas se baigner, car nager là-bas peut vous rendre malade. En Provence, un nombre excessif de bactéries nuisibles a été trouvé au large des côtes de Marseille, Bandol et Antibes. En Bretagne, il vaut mieux éviter de se baigner dans des stations balnéaires telles que Saint-Brieuc et Lanildut.
Ces bactéries peuvent provenir d’eaux usées, de déchets d’animaux ou d’autres sources de contamination fécale. Certaines bactéries fécales courantes que l’on peut trouver dans l’eau contaminée comprennent Escherichia coli (E. coli) et les espèces d’Enterocoques, qui peuvent présenter des risques pour la santé s’ils sont ingérés ou si l’eau entre en contact avec des plaies ouvertes.
La présence de niveaux élevés de bactéries fécales dans l’eau de mer peut indiquer une mauvaise qualité de l’eau et peut entraîner des infections gastro-intestinales et d’autres infections si les gens entrent en contact avec l’eau contaminée. En conséquence, les autorités sanitaires locales surveillent souvent la qualité de l’eau dans les zones de baignade populaires pour assurer la sécurité du public et peuvent émettre des avertissements ou des fermetures si les niveaux de contamination sont trop élevés.
La côte nord fait face à un autre problème
Autour de la table de la cuisine de Plusquellec, les membres du groupe d’action « Halte aux marées vertes » se rassemblent. À travers la fenêtre, ils voient des promeneurs se rendre à la plage, mais la plupart reviennent rapidement, découragés par les panneaux d’avertissement. « Vous avez de la chance. Il ne fait pas trop chaud aujourd’hui », dit Isabelle Volante. « Sinon, l’odeur de soufre est insupportable. Nous devons alors fermer nos fenêtres et nos portes, et surtout ne pas étendre le linge à l’extérieur. » Sa maison, située sur une plage un peu plus loin, a été vendue. Le problème des algues la pousse à partir.
Pendant des années, un silence entourait ce problème. Aujourd’hui, la cause est clairement et ouvertement nommée : l’agriculture intensive. Après la guerre, la Bretagne est devenue l’épicentre de l’agriculture industrielle française. Des élevages intensifs de porcs et de poulets, ainsi que d’immenses champs, devaient redonner un nouvel élan à cette région appauvrie de la France.
La Bretagne couvre 9 % du territoire français, mais 56 % de tous les porcs, 50 % de tous les poulets et 30 % de tous les bovins du pays y vivent. La région compte plus de porcs que d’habitants. Les excréments de ces 7,5 millions de porcs sont répandus sur les vastes champs où, depuis l’industrialisation, il n’y a plus d’arbres ni de haies pour empêcher que tous ces déchets ne finissent dans l’eau de mer.
Le problème des algues vertes est apparu pour la première fois en 1971, mais a rapidement été ignoré, en partie par peur des répercussions négatives sur le tourisme de la région. Par exemple, le village de Saint-Michel-en-Grève, où un joggeur de 26 ans a été retrouvé mort dans les algues et où un cheval est également mort en 1971, comptait encore six hôtels. Aujourd’hui, il n’y en a plus aucun.
Même le puissant syndicat agricole FNSEA a semé le doute pendant des années et fait taire les gens. « C’est un État dans l’État », dit-on autour de la table de la cuisine de Plusquellec, « avec des tentacules jusqu’au ministère de l’Agriculture. » « Nous ne sommes pas du tout contre les agriculteurs, comme on le prétend parfois », explique Isabelle Czaja. « Au contraire, nous sommes contre le système agricole actuel dont ils sont aussi les victimes. La FNSEA ne défend pas les intérêts des agriculteurs, mais des coopératives et des multinationales qui font du tort aux agriculteurs. »
Le lanceur d’alerte et fondateur du groupe d’action, André Ollivro, a reçu des menaces de mort pendant des années parce qu’il osait pointer du doigt l’agriculture. La journaliste Inès Léraud a également été confrontée à cela lorsqu’elle a essayé d’enquêter sur le sujet. Ses découvertes ont été mises en bande dessinée, qui est devenue un best-seller et est maintenant adaptée en film dans les salles françaises. Le réalisateur Pierre Olivet n’a pas non plus eu une tâche facile. Pendant le tournage, il s’est vu refuser l’accès à plusieurs lieux de tournage. La culture du silence breton n’a pas complètement disparu.
Selon Léraud, les trois victimes humaines ne sont que la partie visible de l’iceberg. « Environ 20 personnes meurent chaque année sur la côte, souvent emportées par les marées, mais on se demande si certaines d’entre elles n’ont pas perdu connaissance à cause des gaz toxiques des algues avant d’être emportées. L’État ne met jamais pleinement en lumière toutes ces questions. »
Les habitants de Hillion, de l’autre côté de la baie de Saint-Brieuc, en parlent maintenant. Agnès Guéguen se promène avec son chien Nougat en direction de la plage de l’Hôtellerie. Elle se baignait ici dans son enfance et jouait sur la plage. Maintenant, elle est arrêtée par une barrière rouge et blanche et par l’odeur de soufre pénétrante qui y règne. Cet été, trois plages de la petite commune sont fermées. « C’est douloureux de voir notre plage comme ça. Devons-nous sacrifier notre belle région pour que d’autres puissent manger des côtelettes de porc ? »
Le gouvernement français – toujours craintif face aux agriculteurs mécontents – a longtemps soutenu que l’agriculture industrielle, le tourisme et la préservation de la nature pouvaient coexister sans problème. En Bretagne, il est clair que ce n’est pas le cas. Les algues vertes sont peut-être un problème local, mais elles sont symptomatiques de l’agriculture intensive qui a écrasé les petits agriculteurs. « Nous avons la chance – si on peut appeler ça ainsi – que notre problème soit visible et extrêmement puant », déclare Alain Plusquellec.
La France a déjà été réprimandée à plusieurs reprises par l’Europe, qui demande à ses États membres de protéger leurs cours d’eau de la pollution par les nitrates provenant de l’agriculture. Ce n’est qu’en 2010, des dizaines d’années après que les scientifiques ont établi un lien entre l’agriculture intensive et les algues toxiques, que le gouvernement a mis en place un plan algues. Depuis lors, des bulldozers nettoient les plages et des efforts sont déployés pour éviter que les déchets de porcs n’atteignent l’eau. Cela a déjà coûté plus de 150 millions d’euros au gouvernement français, mais la situation s’améliore à peine.
Le mois dernier, un tribunal de Rennes a décidé que la France devait agir de manière efficace dans les quatre mois. Les militants écologistes autour de la table de la cuisine haussent les épaules, des rires cyniques se font entendre. « Ils vont envoyer un bateau en mer pour récupérer des algues, mais la cause du problème, le grand cheptel, ne sera pas abordée. » C’est trop sensible. Encore aujourd’hui.