La France interdit les cigarettes électroniques jetables

2022

Vous pouvez les avoir avec des saveurs de glace à la fraise, de barbe à papa ou de cookies. Ils ont l’air amusants, comme un surligneur fluorescent, avec des couleurs pastel élégantes ou une tête de lion rugissante pour ceux qui aiment le style plus audacieux. Les cigarettes électroniques jetables (ou « puffs », comme on les appelle en France) sont devenues très populaires chez les jeunes grâce à un marketing spécifiquement ciblé sur eux. C’est pourquoi la France s’apprête à les interdire maintenant.

Elles sont arrivées en 2020 en provenance de Californie et sont devenues populaires chez les jeunes grâce à des vidéos sur les réseaux sociaux comme TikTok. Depuis que les fabricants chinois s’y sont mis, le nombre de cigarettes électroniques jetables a explosé. Selon l’Alliance Contre le Tabac (ACT), une organisation anti-tabac française, un adolescent sur dix âgé de 13 à 16 ans a déjà utilisé ces produits. Cela préoccupe les spécialistes du tabac. Au cours des dernières années, le nombre d’élèves français fumeurs a en effet fortement diminué (il a été divisé par deux en vingt ans, selon l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances Addictives), et l’espoir est que si cette tendance se poursuit, la France pourrait avoir sa première génération presque sans tabac d’ici 2030.

Cependant, le puff, qui peut contenir jusqu’à 20 milligrammes de nicotine, risque de compromettre cet objectif, craint le gouvernement. Avec leur design attrayant et leurs saveurs sucrées, ils attirent principalement les adolescents, qui peuvent facilement les acheter dans les bureaux de tabac, les kiosques à journaux ou les supermarchés, souvent sans que leur âge soit vérifié, bien que la vente aux mineurs soit interdite. Alors que le prix des cigarettes a encore augmenté en France en mai – le pays a l’un des prix les plus élevés de l’UE, en moyenne de dix à onze euros par paquet – les vapes jetables sont plus abordables.

‘Il s’agit d’une habitude à laquelle les jeunes s’habituent. C’est ainsi qu’ils finissent par commencer à fumer, et nous devons arrêter cela’, a prévenu la Première ministre Elisabeth Borne la semaine dernière lorsqu’elle a annoncé que les puffs seraient bientôt interdits. Cette mesure fait partie d’un plan plus large visant à réduire davantage la consommation de tabac en France, qui sera annoncé dans les prochaines semaines. ‘Le tabac reste un énorme problème de santé publique’, a-t-elle ajouté, ‘avec 75 000 décès par an’, soit un décès sur huit.

Ce ne sont pas seulement les risques pour la santé qui préoccupent. Après cinq à six cents bouffées, le puff est également épuisé et jeté, contrairement aux cigarettes électroniques « classiques » qui peuvent être rechargées.

‘Le puff est juste un autre déchet qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots de cigarettes jetés dans la nature chaque année’, selon l’ACT. Les cigarettes électroniques jetables sont en plastique et leur batterie contient du lithium et des métaux lourds, qui sont rarement recyclés. Les opposants ne comprennent pas pourquoi de telles cigarettes jetables sont toujours autorisées, alors que la France a interdit les articles de vaisselle jetable cette année.

Une étude britannique montre qu’au Royaume-Uni, deux cigarettes électroniques jetables sont jetées chaque seconde. Chaque année, le lithium ainsi perdu pourrait suffire à fabriquer 1 200 batteries pour voitures électriques, selon l’étude.

La France rejoint ainsi la liste des pays où les cigarettes électroniques jetables sont déjà interdites, comme l’Allemagne et l’Irlande. La question des cigarettes jetables préoccupe également la Belgique. Le Conseil Supérieur de la Santé belge avait déjà recommandé en 2015 de ne pas autoriser les cigarettes électroniques jetables, en raison de leur impact écologique et de leur potentiel à encourager la consommation de tabac. Cependant, ces préoccupations n’ont pas encore abouti à une interdiction.

La Belgique a l’ambition d’interdire les cigarettes électroniques jetables à partir du 31 décembre 2025, conformément au plan anti-tabac fédéral. Plus tôt cette année, à l’initiative du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit), un arrêté royal a été pris imposant des restrictions aux fabricants et distributeurs de cigarettes électroniques. Ils ne sont plus autorisés à inventer des noms branchés pour leurs saveurs, à ajouter des gadgets tels que des lumières sur la cigarette électronique et doivent apposer des avertissements sanitaires en trois langues nationales sur l’emballage.

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